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Christelle Familiari

Christelle Familiari construit son oeuvre à la mesure de son corps, de son énergie, de son endurance, de ses mouvements, de ses gestes favoris, de son champ d’expérience.

Information

  • @2010
  • 2.
  • \15€
  • E112
  • Zoui
  • 4français/anglais/italien
  • }148 L - 210 H

Présentation
Elisabeth Wetterwald, Pierre Giquel
Christelle Familiari

«Certains artistes apprennent à conduire très tôt et déboulent rapidement sur les autoroutes de l’art. Parmi eux, quelques-uns arrivent en trombe à Dubaï, Shanghai ou Miami. La plupart sont néanmoins victimes de pannes d’essence, de sorties de route, voire de malheureux accidents. Il ne suffit pas de savoir conduire sur les autoroutes pour développer une oeuvre qui «tienne la route».

La puissance qui se trouve dans l’oeuvre de Christelle Familiari n’a rien à voir avec fa vitesse, la trajectoire ou la distance parcourue. Elle provient de la patience on dirait presque une «patience obstinée», de la répétition, de la façon empirique qu’a l’artiste de ne pas envisager la création de manière linéaire et progressive. Les oeuvres du passé reviennent ainsi régulièrement, «augmentées» ou, au contraire, «diminuées».

Une sculpture réapparait, mais descendue de son socle. Une performance est rejouée à travers une série de lithographies. Un collage en papier acquiert une troisième dimension pour devenir une grande sculpture en résine. Des pièces en argile non culte sont posées sur des planches à roulettes dans une exposition; deux ans plus tard, on découvre dans une installation les mêmes formes, mais légèrement agrandies, cuites, émaillées et disposées au sol.

Un fond de terre oublié dans un vieux seau trainant dans un atelier est récupéré puis enroulé dans une bande de plâtre pour former une petite sculpture ronde. L’oeuvre se déploie ainsi en boucles, en variations, en réinterprétations, en allers-retours permanents.

Christelle Familiari construit son oeuvre à la mesure de son corps, de son énergie, de son endurance, de ses mouvements, de ses gestes favoris, de son champ d’expérience. Il faut notamment souligner l’importance des mains et des doigts dans son travail.

Sur certaines vidéos ou photographies réalisées au début de sa carrière, on les voyait de manière explicite. Exemplaire, J’me tourne les pouces est une vidéo où l’on voit l’artiste, assise sur un canapé, se tourner les pouces pendant une heure.

On retrouve cette prédominance du toucher et du senti dans des pièces plus récentes, résolument sculpturales. Si les mains et les doigt n’y sont pas figurés, on les perçoit à travers des empreintes, des torsions de matériaux, de savants maillages, des entortillements d’éléments; certaines sculptures semblent avoir été caressées, d’autres énergiquement pressées ou longuement pétries.

Pour les pièces qu’elle réalise elle même, Christelle Familiari n’utilise pas d’outils (excepté des ciseaux pour les collages). Les formes naissent donc des gestes, sans intermédiaire: caresses, pressions, torsions, palpations, ainsi que plus minutieux maillages, entortillements, tressages, tissages, enfilages.» (Elisabeth Wetterwald)