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Chlorophénylala…

05 Mai - 11 Juin 2011
Vernissage le 05 Mai 2011

Jérémy Laffon poursuit son exploration buissonnière de la plasticité du chewing-gum qu'il s'approprie jusqu'à épuiser les potentialités esthétiques du matériau.

Communiqué de presse
Jérémy Laffon
Chlorophénylalaninoplastomecanostress –
Рrh̩ologoductilviridiscacosmographigum
(de la famille de l’arbalétrier poracé)

Selon Roger Caillois dans le livre Des jeux et des hommes, il existe six caractéristiques essentielles du jeu: la liberté, le cadre spatial et temporel, l’incertitude, l’improductivité, les règles, la fiction. Si le «travail» de Jérémy Laffon substitue dans ses créations une éthique dérivative du jeu à une vérité de la science, à une morale de la sainteté, à une vulgaire tautologie de l’art, s’il s’approprie ces six composants, il produit paradoxalement des oeuvres car c’est l’artiste qui fait le jeu.

Chlorophénylalaninoplastomecanostress –
– rhéologoductilviridiscacosmographigum (de la famille de l’arbalétrier poracé)
: Jérémy Laffon poursuit son exploration buissonnière de la plasticité du chewing-gum qu’il s’approprie jusqu’à épuiser les potentialités esthétiques du matériau. Cette construction-accumulation appartient au genre reconnu de la sculpture d’objets-marchandises Pièce montée 1. Il joue à travers elle les «sculptecte» et met en oeuvre les tablettes chlorophylles pour lutter contre la gravité dans tous les sens du terme. Cette pratique de «chewingtecture», à l’image de la matchitecture, requiert du temps de labeur, de l’énergie, de l’attention, une rigueur extravagante et un zèle de mise en forme baroque. Tout ici est une question d’équilibre et de chimère. Les dessins de la série Siffler en travaillant se font à la main.

On retrouve le vocabulaire classique du dessin (traits, lignes, courbes, composition…) et son crayonnage mais on fait face à une transgression des règles de formation académique. Il n’est pas ici un outil élémentaire mais un procédé principal d’expression. Il se fait ici sans modèle, résultat d’une gestuelle et d’un dispositif où il est question de naviguer aux instruments, le geste allégorique du crayon qui tourne en rond. Et qu’on ne se trompe pas sur le tropisme du pseudo-aléatoire, l’artiste nous interprète ici le double jeu de l’accidentel, car il est possible d’acquérir un réel savoir-faire, voire de la virtuosité par la pratique à la toupie. Le dessin reste «jeu de main» et plaisir.

Dans le triptyque de dessins issu d’une série de réalisations sur papier Rumeur et Papillotes, on retrouve un autre alter-ego de Jérémy Laffon: le Ping Pong Master Player (PPMP), plus précisément un article de sa ligne de productions où il joue avec le feu dans une sorte de rituel à la fois objectif et délirant. Le protocole consiste à placer sur une feuille de papier des papillotes constituées d’une balle de ping-pong enveloppée dans du papier d’aluminium. Ces papillotes fumigènes sont placées sur le papier à dessin comme des pions sur un échiquier. Puis elles sont chauffées une à une avec une flamme laissant des traces de fumée de leur combustion. Certains pions tombent sous la pression de la chaleur emportant dans leur chute leurs voisins. Ces perturbations créatrices défont la grille et réservent des zones de blanc sur le papier. Le dessin offre une image vaporeuse et mystérieuse.

Les deux vidéos Alone in the studio et Symphony #2 semblent vouloir représenter cette part manquante du faire et du temps perdu, le moment privé de l’atelier. Alone in the studio donne à voir un simulacre de vidéo-surveillance délirante où on voit l’artiste en apprenti sorcier défier les lois du réel. Symphony #2 est un plan fixe sur un tableau d’outils de bricolage accrochés au mur. Les objets sont comme surpris dans leur oisiveté, à bringuebaler en cliquetant dans un courant d’air, chorégraphie visuelle et mécanique mettant en scène des acteurs de la création. Même quand ils sont au repos, ceux-ci font une oeuvre.

La pièce sans titre prolonge l’exposition dans la pyrotechnie avec d’autres balles que le ping-pong. La piste d’un enregistrement audio-numérique correspondant à l’onde sonore d’un tir armé (?), d’un éternuement (?), d’une explosion de ballon de baudruche (?), est ici transposée en douilles de calibre 22 offrant au regard la représentation d’une déflagration bien rangée.

Le mot de la fin sera donné en contrepoint par l’oeuvre BBUNG, onomatopée coréenne signifiant le bruit d’une petite explosion («pop») ou encore «bluff»… transcrite phonétiquement, écrite typographiquement dans une police en douilles. Pourquoi le mot de la fin? Car cet éclat de langage s’avère plus facile à retenir et prononcer que «chlorophénylalaninoplastomecanostress –
– rhéologoductilviridiscacosmographigum».

Vernissage
Jeudi 5 mai. A partir de 16h.

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