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China Gold

Le musée Maillol expose tout l’été la jeune génération d’artistes contemporains chinois, parmi lesquels : Ai Weiwei, Cao Fei, Ma Liuming ou Feng Zhengjie.

Information

Présentation
Commissaire de l’exposition : Alona Kagan
China Gold

Introduction par Alona Kagan

«China Gold, le titre de cette exposition, tisse l’histoire d’un voyage dans la Chine actuelle à travers son art. Comme tous les voyages, celui-ci est le fruit d’une expérience personnelle. Ma fascination pour la Chine a commencé lors d’un premier séjour à Shanghai et Pékin en septembre 2007. J’ai été frappée par une impression d’immensité démesurée, jamais ressentie auparavant. […]

L’emploi de l’or est une tradition dans l’art et l’artisanat chinois. La décoration à la feuille d’or est le signe d’une qualité supérieure. Le jaune est la couleur impériale. C’est peut-être pour cette raison que l’or est toujours plus largement utilisé par les artistes chinois contemporains que par ceux d’autres cultures : référence au passé mais aussi affranchissement des traditions. Est-il meilleure façon de traduire le changement que d’utiliser les signes traditionnels dans un langage novateur ?

La puissance de « l’or » dans la transformation spectaculaire de la société chinoise a des motivations économiques, et en affecte tous les aspects. L’art contemporain chinois, tel que nous l’identifions quelque trente ans après ses premières manifestations publiques, est à la pointe de cette mutation. Son succès commercial, largement relayé par la presse, illustre la croissance économique individuelle, poussée à son paroxysme. La plupart des artistes chinois contemporains établis, exposés ici, sont passés en quelques années d’une extrême pauvreté — certains ne pouvaient même pas se procurer les matériaux nécessaires à leur art — à une richesse colossale. Quand je visitais leurs immenses ateliers au design moderne et recherché, véritables usines d’art encerclées par leurs murs de béton, j’avais l’impression d’arriver un peu trop tôt à la fête. […]

Toutefois, la contribution de l’art et des artistes chinois au bouleversements sociaux du pays dépasse la simple richesse financière. Les artistes ont été les premiers individus de la société chinoise à remettre en cause le dogmatisme du Parti après la mort de Mao et la fin de la Révolution culturelle. Les premiers gestes de dissidence furent modestes mais déterminants. En 1978, l’œuvre de Wang Keping, Idol, représentant Mao en Bouddha, défiait par cette vision iconoclaste l’adoration des masses pour leur chef. D’un point de vue occidental, ces gestes artistiques semblent banals, mais ils se révèlent extraordinaires dans le contexte d’un pays où toute expression artistique personnelle et toute consommation culturelle ont été réprimées, qualifiées de bourgeoises et sévèrement punies, parfois même de la peine capitale. […]

Il y a une combativité au cœur de l’art contemporain chinois, surtout chez les artistes de l’ancienne génération. Cette expression de la douleur est absente du travail des artistes émergents, plus jeunes, également représentés dans cette exposition. Je suis ravie que nombre d’artistes, aux deux extrémités du spectre générationnel, aient proposé de créer des œuvres spécialement pour l’exposition, donnant ainsi une perspective nouvelle sur la production artistique de la Chine actuelle.»

Catalogue publié à l’occasion de l’exposition «China Gold», au musée Maillol, à Paris, du 18 juin au 13 octobre 2008.