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Cheyney Thompson et Eileen Quinlan

PNicolas Bauche
@12 Jan 2008

En exposant Cheney Thompson et Eileen Quinlan dans les locaux de la galerie Hussenot, la galerie Sutton Lane in Paris reste fidèle à ses principes : elle poursuit sa quête esthétique du regard et de son intelligence.

En exposant Cheney Thompson et Eileen Quinlan dans les locaux de la galerie Hussenot, la galerie Sutton Lane in Paris reste fidèle à ses principes : elle poursuit sa quête esthétique du regard et de son intelligence.

Une quarantaine de tableaux décline l’art à quatre mains dans l’indistinction qui a fait la réputation du lieu. Les toiles sont présentées sans l’apparat habituel des cimaises et autres titres à fonction instructive. Si nous sommes plutôt friands de cette approche, avouons qu’une entorse à la règle aurait été de bon aloi.

Cheney Thompson a l’art de la formule poétique et sa comparse fait preuve d’une subtilité peu commune dans sa note d’intention. La thématique est ardue mais exploitée de manière inventive : les deux plasticiens explorent toutes les possibilités offertes par la ligne et le plan, données minimales de la peinture. Du biseau à l’angle droit, les droites se croisent ou se courbent en créant une abstraction géométrique passionnante.

Les deux artistes suivent chacun une voie propre, mais non moins complémentaire. Eileen Quinlan livre une série, «Smoke & Mirrors», où la photographie semble explorer l’univers graphique des fractales, sorte de kaléidoscope ou de faisceau boréal. L’Américaine reconnaît d’ailleurs l’impact de la science dans son travail.
Cheney Thompson, quant à lui, relate en images une grammaire picturale égrenée figure après figure. L’adjonction de leurs approches recèle des trésors formels aussi précieux que rares.

Les deux artistes jouent avec les couleurs, les superposent, reviennent soudain aux ombres et aux lumières avant de sombrer dans le mutisme du noir ou du blanc. Entre ces deux pôles, les tonalités voyagent, se répondent même d’une toile à une autre sans jamais se répéter.
Au mat obscur de Non-annulation d’un contrat, dont la texture uniforme n’est brisée que par les ondulations finales d’un pinceau, correspond l’immaculé d’Index des angoisses de la nuit : des griffures lézardent la blancheur de la toile.
Les tableaux ne versent pas pour autant dans le systématisme : lorsque Thompson use des perpendiculaires d’une œuvre à une autre, c’est pour encercler les rares motifs figuratifs. Au nombre des résurgences du réel : Arpo des Marx Brothers (Arpo et Roman pour toujours) ou encore des détails architecturaux épars, comme décontextualisés.
La clef de l’exposition est ailleurs. Sur la mezzanine, des toiles posées à même le sol dans une négligence calculée révèle un portrait aux contours brouillés. Un adieu au figuratif où les visages salués ne sont que des épitaphes picturales. Pour Thompson et Quinlan, l’aventure créatrice commence en ânonnant le langage artistique, pas en proférant de grands discours. Le bégaiement esthétique est une voie d’avenir.

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