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Chantier

03 Avr - 27 Mai 2009
Vernissage le 02 Avr 2009

Les oeuvres de Benjamin Sabatier projettent le visiteur dans l’univers du travail et dans la fabrique de l’oeuvre elle-même, l’oeuvre devenant le lieu où l’on ressent le poids du temps et du travail. Son « chantier » est une image de l’atelier, lieu du travail en cours de l’artiste, entre le projet et l’objet, entre l’intention et le résultat.

Communiqué de presse
Benjamin Sabatier
Chantier

L’oeuvre de Benjamin Sabatier est toute entière issue d’une recherche réflexive permanente sur les fondements économiques qui régissent notre société contemporaine et sur la façon dont l’art s’inscrit dans cette réalité socio-économique.

Après s’être intéressé aux notions de production et de consommation dans ses expositions Peinture en Kit en 2003 et S.A.V. en 2005, puis aux questions de marketing et de conditionnement dans 2 Pack Age en 2007, le jeune artiste français revient aujourd’hui sur la notion essentielle du travail.

Mettre l’oeuvre au travail et, dans le même temps, montrer le travail à l’oeuvre, a toujours été un leitmotiv pour Benjamin Sabatier. Sa première oeuvre-performance très remarquée en 2002 au Palais de Tokyo à Paris, intitulée 35 h de travail, consistait à tailler des crayons 7 heures par jour pendant 5 jours.

Tous les jours, l’artiste changeait d’espace, laissant sur place le travail des jours précédents ; ainsi, le dernier jour, 5 chaises et leurs tas d‘épluchures de crayons étaient disposés dans le Palais de Tokyo, permettant au visiteur de « quantifier » le travail de l’artiste. Aujourd’hui, l’artiste matérialise cette dimension travail en l’incarnant dans ses oeuvres-objets.

Dans cette quatrième exposition personnelle à la galerie, Benjamin Sabatier nous projette à la fois dans l’univers du travail en même temps que dans la fabrique de l’oeuvre elle-même, l’oeuvre devenant le lieu où l’on ressent le poids du temps et du travail. Son « chantier » est une image de l’atelier, lieu du travail en cours de l’artiste, entre le projet et l’objet, entre l’intention et le résultat…

Comme le dit le philosophe Jacques Rancière dans son essai Le partage du sensible, « la pratique artistique n’est pas le dehors du travail mais sa forme de visibilité déplacée. Il sort l’artisan de « son » lieu, l’espace domestique du travail et lui donne le « temps » d’être sur l’espace des discussions publiques et dans l’identité du citoyen délibérant. (…) L’art est production, identité d’un processus d’effectuation matérielle et d’une présentation à soi du sens de la communauté. La production s’affirme comme le principe d’un nouveau partage du sensible, dans la mesure où elle unit dans un même concept les termes traditionnellement opposés de l’activité fabricatrice et de la visibilité. »

Le processus de création de Sabatier permet ainsi au spectateur de s’identifier aux pièces, même si la quantité de travail et de temps lui est, elle, inaccessible (puisque connue seulement du concepteur de l’oeuvre). Basé sur la répétition de gestes manuels simples – clouer, punaiser, percer -, le mode de fabrication des oeuvres souligne l’importance du corps au travail dans son aspect aliénant.

En questionnant ainsi le processus et la notion de travail, Benjamin Sabatier tourne en dérision le monde de l’entreprise tout autant que celui de l’art. Peu importe le médium (peinture, sculpture, vidéo…), il utilise toujours celui qui lui paraît le plus pertinent pour créer du sens. On retrouve cette ironie dans les nouvelles oeuvres telles Brouette (2009), dont le contenant devient le contenu, les Colonnes Pots (2008) créées par superposition de pots de peinture dégoulinants ou encore les Crucifictions (2008), où les emballages sont cloués sur des panneaux de bois et
prennent une valeur fictive nouvelle… comme leurs titres le suggèrent.

Ici, l’action même de créer, de « travailler », devient aussi importante que le « produit » de ce travail, l’oeuvre finale. Est-ce un acte créateur conçu comme un travail ou un travail transformé en acte de création ? La question se pose en termes de durée, de temps de réalisation, de répétition du geste et surtout de finalité. Le propos de Sabatier se situe précisément dans cet interstice qui sépare le travail et son produit, réactualisant l’interrogation centrale des Constructivistes autour de l’abolition de la séparation entre art et travail.

Vernissage
Jeudi 2 avril 18h-21h.

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