DANSE | SPECTACLE

Suresnes cités danse | Cercle égal demi Cercle au Carré

12 Jan - 16 Jan 2019

Quand des cultures différentes se rencontrent, le clash fait partie des résultats possibles. Avec Cercle égal demi Cercle au Carré, la chorégraphe Chantal Loïal plonge dans le processus de créolisation, par la danse et la musique. Livrant une pièce multiple et inédite, empreinte de joie et de soft power.

Création pour douze interprètes, Cercle égal demi Cercle au Carré (2019) semble défier les compétences géométriques. Art du dessin spatialisé, la géométrie définit aussi les volumes dans lesquels peuvent s’esquisser des figures. Cercles, rondes, carrés, Quadrilles… Chorégraphe du mélange des danses, Chantal Loïal (Cie Difé Kako) livre une nouvelle pièce ample. Mobilisant huit danseurs et quatre musiciens, sur scène Cercle égal demi Cercle au Carré compose ainsi sa propre logique d’espace. Et c’est avec une joie communicative que la pièce revisite d’abord le Quadrille. Une danse de cour, importée aux Antilles et Guyane par les colons, dans le courant du XVIIIe siècle. Processus de créolisation, le Quadrille s’est métamorphosé en danses antillaises et guyanaises. Car c’est bien du concept d’Édouard Glissant dont il est question. La créolisation comme processus de fécondation interculturelle. Pour une pièce en forme d’espace de créolisation douce, avec la danse et la musique comme soft powers.

Cercle égal demi Cercle au Carré de Chantal Loïal : la créolisation par la danse

Mises en contact de façon plus ou moins forcée, les formes culturelles s’interpénètrent. Différentes bien que d’égale valeur, leur confrontation engendre de nouvelles figures. Par un processus frictionnel qui, plus que simple juxtaposition, génère plutôt des formes inédites. Si les colonisations sont le versant violent de ces créolisations, l’essor de la globalisation est aussi une invite à penser des modes de créolisation plus doux. Des espaces où la valeur de chaque protagoniste est reconnue a priori, plutôt que niée a priori. Cultivant de tels espaces, Chantal Loïal livre ainsi une pièce où se rencontrent Quadrille, Boulangère, Biguine, danse Hip-hop, Krump, Ragga, Voguing… Où les musiques — traditionnelles, électros… — s’enchevêtrent et se complètent. Où les habits et genres s’échangent et s’enrichissent de leurs multiples références. Avec la chemise blanche qui tient le milieu entre sportwear hip-hop et costume classique. Et le madras qui s’invite dans la chevelure des hommes.

Points, lignes, plans, horizons… La danse et la musique pour fédérer des figures inédites

Sur scène, le cercle devient celui que trace le bassin. Milieu du corps, il se fait centre de mouvements chaloupés. Et de duos, en groupes, en soli, Cercle égal demi Cercle au Carré explore alors les relations entre danseurs. Le point et la pointe des pieds se muent en éléments de trajectoires. Une danse créée seulement pour les pieds s’étend progressivement à l’ensemble du corps, du groupe. Les lignes forment des plans, ouvrant alors des horizons multiples. Tandis que conjonction de danses et musiques, la rencontre se fait autour de la cadence. Celle frappée par le pied ; celle marquée par les percussions ou l’électro. Projet au long cours, à la forme plateau Cercle égal demi Cercle au Carré adjoint également une conférence dansée, ainsi qu’un Bal Konser Déchaîné. Pour un projet fédérateur : une pièce en forme de point de rencontre, de point de nouveau départ chorégraphique.

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