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Changha Hwang & Angelo Filomeno

PMarie-Jeanne Caprasse
@12 Jan 2008

Deux expatriés vivant à New York : l’un coréen, Changha Hwang, l’autre italien, Angelo Filomeno. Deux artistes virtuoses, chacun dans leur langage, pour l’un extrêmement formel, pour l’autre sensuel et théâtral.

La présence théâtrale des toiles d’Angelo Filomeno frappe dès l’entrée. Leur fond accroche la lumière quand, nettes et précises, des formes animales, végétales et minérales constellent la surface. Elles ont pour support de la soie bleue, pour matière des fils brillants et des cristaux Swarovski.

Filomeno ne peint pas, il coud, il brode. Tel est son langage. Il se joue des pratiques contemporaines en utilisant la broderie, tradition artisanale qui lui a été transmise par sa mère quand il était enfant, en Italie. Tout de grâce et de légèreté, son travail est virtuose, son esthétique est précieuse.

Un art de l’intime, de la délicatesse, qui contraste souvent avec ses sujets. L’artiste invente un monde riche de symboles évoquant souvent des images de mort, avec pour sujets de prédilection des crânes et des squelettes humains. Mais c’est aussi la vie qui habite ces toiles avec l’utilisation récurrente de formes végétales tentaculaires et d’insectes qui semblent proliférer et investir la surface de l’œuvre. Comme si la nature prenait le dessus… sur l’homme et sur l’art. Sans oublier l’échappée belle vers les mondes imaginaires, du rêve et de la nuit, comme dans Stardust ou The Seventh Star.

Autre artiste, autre monde, celui de la ligne et de l’angle droit. Avec le travail de Changha Hwang, trois mots viennent à l’esprit : contraste, circulation et tension. Son art repose sur la répétition de formes élémentaires, rectangles et grilles de couleur, variant les combinaisons à l’infini.

Ses grandes toiles nous projettent dans un univers technologique proche des images numériques. Pourtant, Changha Hwang ne travaille absolument pas avec un ordinateur. En digne successeur d’un Mondrian ou d’un Albers, sa famille picturale, il construit ses toiles aux couleurs acidulées en cherchant l’équilibre ou le déséquilibre induit par l’imbrication des formes.

Si la composition est abstraite, on ne peut s’empêcher d’y recréer un monde fictionnel. On pense à la cartographie d’une ville futuriste mais aussi au réseau informatique, à la toile de l’Internet. Ces grilles, tissage de formes imbriquées, deviennent métaphores d’une époque qui multiplie les informations. Et le réseau circulant dans tous les sens, c’est du rapport avec les éléments qui l’entourent que chaque forme se définit.

De ces constructions labyrinthiques, où l’œil s’enfonce et navigue en permanence, ressort une étrange impression de chaos immobile, un peu flottant à la surface, comme une beauté insaisissable. 

Angelo Filomeno :
— Poison, 2004. Broderie sur soie, grenats et cristaux Swarovski. 132 x 132 cm Love, 2004. Broderie sur soie shantung et cristaux Swarovski. 260 x 203 cm.
— Stardust, 2004. Broderie sur soie shantung, diamants et cristaux Swarovski. 275 x 203 cm
— Seventh Star, 2004. Broderie sur soie shantung et cristaux Swarovski. 206 x 203 cm.
— The Accident Drawings (Wing), 2004. Impression Iris sur papier. 53 x 43 cm.
— The Accident Drawings (Peacock)2004. Impression Iris sur papier. 53 x 43 cm.
— The Accident Drawings (Hyena), 2004. Impression Iris sur papier. 53 x 43 cm.

Changha Hwang :
— Boomerang, 2004. Acrylique sur toile. 213 x 243 cm.
— Pikillaqta, 2004. Acrylique sur toile. Diptyque : 243 x 213 cm (chaque).
— Frequent Dejavu, 2004. Acrylique sur toile. 213 x 213 cm.
— Zipper, 2004. Acrylique sur toile. 213 x 243 cm.
— Boomerang, 2004. Acrylique sur toile. 213 x 243 cm.
-— Adjust, 2004. Acrylique sur toile. 213 x 243 cm.
— Others, 2004. Acrylique sur toile.152 x 213 cm.

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