ART | CRITIQUE

Chambre froide, bricolage, outils, machines

PLéa Bismuth
@12 Jan 2008

Un garage transformé en paradis du bricolage est installé dans l’exposition: perceuses, bois de coupe, scies, règles, compas disposés ici ou là; des plans de fabrication sont accrochés au mur, sans oublier la douce odeur de sciure de bois et la musique qui sort du poste à côté de la table de travail…

On découvre l’univers de Bublex dès l’entrée dans la cour: un kiosque à hot dog nous accueille de manière déceptive puisqu’un écriteau précise «Il n’y a plus de saucisses ! Revenez demain. Merci !».

A partir de là, rien n’est encore joué et Bublex devient de plus en plus surprenant. Il propose une définition particulièrement pure de l’installation, qui revient à faire pénétrer le spectateur dans un lieu où il y a bel et bien des choses «installées», ou plutôt des choses laissées en chantier au cœur d’un univers in progress.

Un garage transformé en paradis du bricolage est installé dans la première salle de l’exposition: perceuses, bois de coupe, scies, règles, compas sont disposés ici ou là de même que des plans de fabrication sont accrochés au mur, sans oublier la douce odeur de sciure de bois et la musique qui sort du poste à côté de la table de travail… Bublex nous rappelle à une autre temporalité, celle de la création lente et progressive d’une voiture Meunier-Béraud en bois, voiture utopique qui ne roulera jamais.

Cela ne peut se comprendre sans une connaissance de l’œuvre de Bublex, notamment son obsession pour l’architecture fictionnelle. Rappelons-nous son exposition à la MEP en 2002 où l’œuvre d’art n’est autre que l’élaboration d’une ville qui n’existe pas, une ville avec son histoire et son identité.
Le problème posé est en fait celui du document — du faux document: des photographies témoignent d’un lieu, d’un autre lieu, d’un non-lieu entre fiction et réalité.

De tels documents nous sont montrés dans l’exposition sous forme de paysages photographiques, de voitures miniatures dans des colonnes-vitrines et d’un train électrique qui traverse la pièce sans aucun but. Bublex serait cet enfant démiurgique qui fait des maquettes et qui découvre qu’il est possible d’intervenir sur le monde en manipulant de la matière et en créant de nouveaux territoires.

Alain Bublex
— Le Kiosque Wet Stones, 2006. Caravane, peinture acrylique, enseigne lumineuse. 277 X 394 X 178 cm.
— LaVoiture Meunier-Béraud, 2006. Technique mixte. Dimensions variables.
— Achetez de l’acier, 2006. Épreuve chromogène sous diasec. 160 x 232 cm.
— Paysage 003, 2006. Épreuve chromogène sous diasec. 46 X 60 cm.
— 1-24 ème (Commode, 2006. Technique mixte: maquette de voiture inachevée sur socle laqué blanc. 114 X 86 X 43 cm.

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