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Cassandre Horschamp n°89. A lire en cas d’urgence

Face à l’urgence d’une profonde refondation politique, la prochaine élection présidentielle française sera-t-elle à la hauteur des enjeux symboliques majeurs de la prise en compte desquels dépend notre avenir commun? Écoutons attentivement les analyses précieuses de ces penseurs d’exception affranchis de la doxa dominante que sont Paul Jorion, Albert Jacquart, Bernard Stiegler et bien d’autres.

Information

Présentation
Nicolas Roméas, Valérie de Saint-Do, Bruno Boussagol, Thomas Hahn, Bernard Stiegler, Olivier Schneider, Hédi Maaroufi, Jacques Livchine, Blandine Scelles
Cassandre Horschamp n°89. A lire en cas d’urgence

Extrait de l’éditorial, par Nicolas Roméas

Le monde tremble et si l’on fait cesser un instant ce brouhaha qui assourdit, on peut entendre, derrière le fracas de la panique et de la haine, son cœur qui bat un peu trop vite. L’affolement pourrait le gagner et l’on sait où ça mène. Il n’y a sans doute alors rien de plus urgent que de nous tranquilliser au cœur de la tourmente, de nous sentir forts de ce que nous sommes, campés sur notre sol, mus par nos idéaux. Faisons donc l’inventaire des outils et des forces. Nos rêves ont-ils encore leur place ici? Sont-ils viables? Saurons-nous nous en emparer pour élaborer un avenir auquel ne manque pas l’essentiel? Soyons réalistes, demandons l’impossible, lisait-on sur les murs de nos villes aux temps où les mots de l’Internationale situationniste firent un croche-pied à l’ordre ancien. Au moment où se produisit le Soulèvement de la jeunesse prédit en 1949 par Isidore Isou, j’avais 15 ans. On parlait déjà de crise en ces temps. A vrai dire, je ne me souviens pas d’un temps où l’on n’ait pas parlé de crise. C’est à se demander si, comme le dit Naomi Klein, l’ordre du monde voulu par les marchands ne serait pas, en fait, une crise permanente.

Mais il y a crise et crise. La crise, c’est aussi le passage, par définition difficile. Chacun, alors, en cet instant, se rappelle qu’il doit se sentir responsable de défendre avec courage ce qu’il y a de plus précieux en lui. Ces instants que l’on dit de crise sont aussi ceux où un peu de lumière apparaît entre menace et promesse, décombres et utopies, espoir et renoncement. C’est le cas aujourd’hui où l’inquiétude est là, où le paradoxe culmine, où il y a autant de raisons d’espérer que de désespérer. Cet instant dangereux est précieux. Il s’agit de s’en saisir, de le capter au vol, de le faire nôtre. Chacun ici, à différents niveaux, avec ses mots, son savoir et ses compétences, le dit à sa manière. Inventer ou mourir. Cet instant est précieux, car il fait de chacun un acteur.

SOMMAIRE

Ouverture
— Un anthropologue au pays des subprimes. Entretien avec Paul Jorion

Les partageux du sens
— La mondialisation du pire. Entretien avec Roland Gori
— Le nouveau déluge (Dominique Houdart)
— L’Art est public à la Bastille (Valérie de Saint-Do)
— Exagérateurs de réel (Mark Etc/paroles sur le vif)
— Le Frap. Etat des lieux (Olivier Schneider)
— Éduc’ pop’. Pour des états généraux! (Christian Maurel/paroles sur le vif)
— Les armes de l’adversaire. Entretien avec Bernard Stiegler

Agit-prop
— Le syndrome d’une France malade (Blandine Scelles)

Chroniques du théâtre ordinaire
— Par Bruno Boussagol

Agora
— La vie prime sur l’économie (Raoul Vaneigem)

Dézinguer la Novlangue
— L’évacuation du politique. Entretien avec Enzo Traverso
— Le mot créolisation, camarade(s) (Maurice Taszman)
— Nouveaux musées, vieilles idées (Thomas Hahn)
— «Du haut de ma potence, je regardais la France». Entretien avec Rabah Ameur-Zaïmeche
— Ne laissez pas la poésie à sa place! (Laurent Grisel)
— Dans la guerre sémantique. Entretien avec Annie Collovald