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Casey-Jex Smith et John Casey

PMarie-Jeanne Caprasse
@03 Avr 2010

Alors que la vague des salons du dessin déferle sur Paris, la galerie Polaris nous fait découvrir deux artistes américains qui placent la pratique du dessin au centre de leur expression: John Casey et Casey Jex Smith.

Intéressons-nous tout d’abord au travail de John Casey. Sa technique est simple, basique: une feuille de papier blanc sur laquelle il dessine au crayon et à l’encre noire et rouge des personnages aux membres déformés. Peu d’éléments de contexte habitent la page blanche, tout ou presque est révélé dans la figure et le corps qu’il dessine. Ses personnages sont des condensés d’émotion où la malformation physique révèle un état mental, comme si la physionomie se faisait paysage psychologique.

La recherche d’identité est omniprésente, toujours assortie de traces de brutalité et de tentatives de museler l’individu, dans son expression ou dans son être le plus intime.
A multiples reprises empaquetés dans de grands pansements, ses personnages semblent évoluer comme des marionnettes aveugles. Une souffrance intérieure est manifeste avec un autre motif récurrent, celui de la tête séparée du corps ou totalement surdimensionnée. La bouche est souvent grimaçante, exprimant une douleur malsaine, et les yeux habités par des excroissances qui sortent des orbites.
Est-ce le mal intérieur qui sort par ces cavités que l’on voudrait brimer, rendre aveugles ? Dans tous les cas, c’est une intense douleur qui est contenue dans ces figures et qui est exprimée dans un langage imagé contrastant avec la retenue et la simplicité de la technique.

Dans un tout autre registre, Casey Jex Smith, lui, s’évade. Son affaire n’est pas de traiter avec l’individu et ses angoisses personnelles, mais plutôt avec ce qui le dépasse, le divin et la cosmogonie. Utilisant le crayon noir ou de couleur, plus rarement l’encre ou l’huile, il dessine minutieusement des mondes dans lesquels les formes organiques et géométriques s’entremêlent, flottant dans des sphères indéterminées.
Casey Jex Smith est Mormon et même si son esthétique est à dix mille lieues de l’imagerie traditionnelle des saints et des symboles religieux, il tire la plupart de ses sujets de l’histoire et des grandes figures de sa religion.

Graphiquement, Casey Jex Smith puise dans un vocabulaire d’images qu’il juxtapose, faisant coexister des motifs figuratifs et géométriques dans un même espace. Il utilise le langage des abstraits et de la science-fiction comme celui du dessin classique des gravures de paysage, en faisant également de nombreuses références dans les dessins exposés ici à l’iconographie des monstres telle qu’un James Ensor pouvait la dessiner. Son travail le relie ainsi à une tendance au syncrétisme qui caractérise le travail de certains artistes d’aujourd’hui, multipliant les références et jouant avec différents modes d’expression mis en présence.

Liste des œuvres
— John Casey, Grabber, 2010. Crayon et encre sur papier. 25 x 20 cm
— John Casey, stalker, 2010. Crayon et encre sur papier. 25 x 20 cm
— John Casey, Stride, 2010. Crayon et encre sur papier. 25 x 20 cm
— John Casey, The Show, 2010. Crayon et encre sur papier. 35 X 28  cm
— Casey-Jex smith, Brigham Young, 2010. Crayons sur papier. 23 x 30 cm
— Casey-Jex smith, Smell This, 2010. Crayons sur papier. 23 x 23 cm

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