ART | CRITIQUE

Casanova forever. Didier Trenet

PDidier Trenet
@16 Juil 2010

Didier Trenet revient sur le trio qu'il forme le temps d'une exposition avec Marie-Ange Guilleminot et Paul-Armand Gette, autour d'«un type du XVIIIe siècle qui a fait de sa vie une oeuvre d’art.»

Au sujet du désastre*

Nous nous sommes donc rencontrés à propos de Casanova, Marie-Ange Guilleminot, Paul-Armand Gette et moi. C’est un type du XVIIIe siècle qui a fait de sa vie une oeuvre d’art. Du moins l’a-t-il réécrite ainsi. Et au fond, c’est peut-être ça son actualité. Faire de sa vie une oeuvre d’art, voilà la grande affaire aujourd’hui.

Depuis que les commandes de visitations, d’assomptions de la Vierge, d’annonciations, de Christ sur la croix, de bons pasteurs, de saintes faces, de Madeleine pénitentes et autres retables complets et exhaustifs ne font plus autorité, l’artiste a toute la vie devant lui. Sauf qu’artiste, ce n’est franchement pas une vie, ni un métier. Et si ce n’est pas non plus rentrer dans les ordres, c’est quand même parfois se parer d’une drôle de robe. N’est-ce pas, Marie-Ange?

À ce propos, on ne peut guère faire impasse sur la question de la séduction. Et là je trouve que Paul-Armand a raison: la séduction ne va que rarement dans un seul sens, et à ce titre elle est à double tranchant. Après coup, on a beau jeu d’inventer des châteaux, de décrire dans de piquants détails le dais soigneusement concocté sous lequel on a vaillamment donné l’assaut final: un fier désastre.

Mais nous sommes trois et les choses ne sont pas si simples. Un trio à propos de Casanova n’évoque pas forcément le triangle des Bermudes, non plus la tragédie grecque. Le mystère de la Trinité peut-être?

* Allusion au texte de Philippe Lacoue-Labarthe intitulé «Le Désastre du sujet», dans Vies d’artistes, Paris, La Différence, 1990.

Texte paru dans le catalogue de l’exposition «Casanova forever» (Commissaire: Emmanuel Latreille, directeur du Frac Languedoc-Roussillon).
Emmanuel Latreille et Jean-Claude Hanc (dir.), Casanova forever, Éditions Dilecta (Paris) et Frac Languedoc-Roussillon (Montpellier), juin 2010, 328 p.

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