ART | EXPO

Carol Rama

23 Fév - 22 Mar 2003
Vernissage le 23 Fév 2003

Les peintures, les gravures et les travaux sur papier de Carol Rama exposés à la galerie montrent bien l’évolution de cette artiste qui a traversé une grande partie du XXe siècle. Souvent perçues comme outrageantes au moment de leur création, ses œuvres sont aujourd’hui considérées comme fondatrices de l’art moderne et contemporain.

Carol Rama
Carol Rama

Dès le début de sa carrière, le style de Carol Rama s’est démarqué par son originalité de langage et son extraordinaire énergie. Dans les années 1930 et 1940, elle produit des aquarelles colorées, considérées à l’époque comme outrageuses. Ses sujets sont très divers et traduits dans un style linéaire, parfois proche de l’art brut: des chaussures, fourrure, dents, balais langues, pénis, organes génitaux féminins, pissoirs ou chaise roulante. Les sentiments exprimés sont la violence, la férocité, la souffrance, la décomposition, la folie, etc.
Ces thèmes étaient d’autant plus scandaleux que l’auteur est une jeune fille d’une vingtaine d’année issue de la bourgeoisie turinoise.
Une des œuvres de cette époque représente un homme avec plusieurs lames de rasoir insérées dans son cou: cette aquarelle représente son père, un industriel et inventeur, qui s’est suicidé en 1942.
Une autre image, fréquente dans l’œuvre de Carol Rama, est le portrait d’une femme, dont la tête est entourée par des branchages. Il s’agit de la mère de l’artiste, qui fût enfermée dans un asile psychiatrique, suite à la mort de son mari.

Dans les années 1950, Carol Rama reçoit une reconnaissance artistique, même si elle est toujours considérée comme artiste scandaleuse.
Elle s’intéresse à la gravure et produit plusieurs planches intitulées Les Parques. La référence à ces figures mythologiques n’est pas fortuite: les Parques sont les déesses de la destinée, qui gèrent le futur des êtres humains. Ces personnages mythologiques sont des femmes, d’une très grande puissance.
C’est à cette époque que l’on peut observer des peintures à l’huile dans l’œuvre de Carol Rama, qui se caractérise par l’intensité et la tension entre les matériaux, les couleurs et les formes.
Elle commence également à intégrer des objets actuels comme des bouchons, des dents d’animaux, des yeux de verre, des câbles et plus particulièrement des pneus (hommage à son père qui fut agent des motos Guzzi), placés sur des plages de couleurs très colorées.

Les années 1960 et 1970 se traduisent par la déformation des corps humains pour devenir des bribes de chair et des formes presque abstraites. Les assemblages de cette époque ont été comparés aux nature mortes du Carravage ou de Rembrandt.

Les années 1980 sont le retour à des formes figuratives: anges, animaux, personnages ou paysages. L’imagerie est puisée dans son propre répertoire, répartie sur des supports faits de cartes géographiques ou anciennes planches techniques ou scientifiques.

Dans sa série «La mucca pazza» datée de 1996, et dont plusieurs oeuvres sont exposées à la galerie, Carol Rama s’exprime sur le thème de la maladie de la vache folle. Des parties de l’animal sont peintes d’une touche légère et dans des tons de terres, auxquels sont ajoutés des morceaux de tissus, des objets ou du caoutchouc.

Carol Rama était l’amie de personnalités très diverses, qui ont influencé son œuvre. Parmi eux l’architecte Mollino, le cinéaste Pier Paolo Pasolini, le musicien Luciano Berio, les artistes Man Ray et Andy Warhol, ainsi que le poète Edoardo Sanguineti, avec qui elle a collaboré à plusieurs projets.

L’artiste
Carol Rama est née en 1918 à Turin, où elle vit toujours à ce jour.
L’œuvre de Rama a connu un rapide succès, sa première participation à la Biennale de Venise date de 1948. Sa carrière a été ralentie dans les années 1970, en raison de la domination masculine des artistes de l’Arte Povera et du soutien apporté par les institutions turinoises à ce mouvement. Son caractère excentrique a refusé de se plier au style du moment.
Depuis, elle a obtenu une salle à la Biennale de Venise en 1993. En 1998 une exposition a voyagé aux Etats-Unis, en Angleterre et en Australie. Une rétrospective a débuté au Stedelijk Museum à Amsterdam en 1998, puis à l’Institute of Contemporary Art à Boston de la même année. Sa présence à la Biennale de Venise cet été a été annoncée et une rétrospective organisée par Guido Curto est prévue à la Fondation Sandretto Re Rebaudengo à Turin en Janvier 2004. Ses œuvres sont actuellement présentées dans plusieurs expositions de groupe en Italie.

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