ART | CRITIQUE

Carbon Footprint

PMaxime Thieffine
@07 Mar 2008

L’artiste américain Scoli Acosta déplace sa pratique de la performance vers une pratique plastique : peintures, sculptures et installations viennent peupler une exposition sous le signe de l’écologie, sur laquelle souffle un vent porteur de rêve et de poésie.

Le point de départ de «Carbon Footprint» est une brique trouvée sur une plage de Los Angeles, polie par l’océan, qui trône sur son socle dans l’œuvre Solar Panel Pedestal and Double Brickpot.  A partir de cet objet trouvé, Scoli Acosta développe une esthétique du recyclage en prise directe avec les préoccupations écologiques actuelles.
Il considère son atelier comme une entreprise qui s’efforcerait de ne pas produire plus de déchets que notre société en produit déjà. Ainsi il recycle, réutilise, recombine, reconsidère les matériaux qu’il utilise : il réduit par exemple des briques en poudre pour recouvrir la corne d’abondance de Cornucopia With Solar Panel Sky et le socle et la sculpture de Cornucopia Vase Pedestal and Floral Brick Nugget.

Scoli Acosta recycle également dans le sens où deux éléments deviennent des motifs qu’il reprend d’une œuvre à l’autre : la brique et le panneau solaire peints dans les Solar Panel 1, 2 et 3. Une sorte de dichotomie illustrée par la mise en regard de deux œuvres : Brick Dust Floral Relief et Solar Panel Floral Relief. Deux «reliefs floraux» identiques, sauf que le premier est recouvert de poussière de brique, et que sur le second est peint le motif du panneau solaire.

Grâce à ces reprises, chaque œuvre conditionne la suivante, produisant une narration sans ordre imposé que le spectateur suit à sa guise. On trouve ainsi sur la photographie Cornerstone un morceau de mur de brique. Ce mur se retrouve dans les peintures Broken Beach-Side Brick Wall and the Giant Yellow Geranium et Rolled Bricks and Brick-Heads Meet The Solar Gods, et dans la vidéo  Water Power. Le panneau solaire se retrouve, quant à lui, dans les peintures Rolled Bricks and Brick-Heads Meet The Solar Gods et Cornucopia With Solar Panel Sky et sur le socle de la brique «originelle» Solar Panel Pedestal and Double Brickpot.

Le discours écologique nous est devenu familier, le travail de Scoli Acosta n’appelle pas une prise de conscience. A travers «Carbon Footprint», il propose plutôt une approche de l’écologie poétique et non dénuée d’humour, comme le montre le titre d’une photographie posée au sol : Une coccinelle dans son environnement naturel. Elle représente une voiture coccinelle enfouie dans un buisson. La nature reprend ses droits : l’homme altère la nature mais en retour, les constructions humaines sont  «altérées par le processus de la nature».

Scoli Acosta amène un peu de Los Angeles à Paris. Une série de huit dessins, Price Explosion, reprend des publicités pour des voitures, reflets d’une société américaine qui les sacralise. Los Angeles est présente également dans la corne d’abondance de Cornucopia With Solar Panel Sky, qui reprend celles qu’on trouve au coin des rues de l’est de la ville, comme l’explique l’artiste. Le travail de Scoli Acosta est toujours un reflet de son environnement.

On trouve dans ces éléments des traces de l’idée de la Californie comme utopie. Scoli Acosta a également passé quatre ans en France, où il a étudié l’œuvre de Gérard de Nerval. Dans les premiers temps, son manque de maîtrise de la langue française, loin de l’handicaper, laissait une grande place au rêve et à l’imagination. Autant dire que le rêve tient une grande place dans l’œuvre de Scoli Acosta, ce que la série de treize dessins sur les pages arrachées d’un cahier à spirales illustre elle aussi. On y découvre une planète enfouie dans les nuages et les étoiles, ou encore des stalagmites portant des lunettes de soleil. Scoli Acosta présente cette série comme une sorte de journal, le fruit de moments de rêve, d’expression libre et spontanée.

Enfin, l’installation Floral Bottlecap Jarlid Nugget with Nails on Cyclical Pedestal, est une pièce creuse en bois et contreplaqué (toujours de récupération), qui contient un ventilateur de salle de bain et un harmonica. A l’entrée de la galerie est placé un détecteur de mouvement, qui déclenche le ventilateur au passage des spectateurs, faisant jouer l’harmonica. Un harmonica en point d’orgue. Vous ai-je dit qu’Acosta était poète ?

Scoli Acosta
— Brick Dust Floral Relief, 2008. Liant papier, colle polyuréthane , poussière de briques, peinture mate. 68 x 98 x 8 cm
— Cornerstone, 2007-2008. Impression numérique. 35,5 x 44 cm encadré
— Solar Panel 1, 2008. Acrylique et crayon sur papier. 96,5 x 127,5 cm
— Solar Panel 2, 2008. Acrylique et crayon sur papier. 96,5 x 127,5 cm
— Solar Panel 3, 2008. Acrylique et crayon sur papier. 96,5 x 127,5 cm
— Broken Beach-Side Brick Wall and the Giant Yellow Geranium, 2007-2008. Peinture acrylique, mine de plomb. 249 x 206 cm
— Solar Panel Floral Relief, 2008. Liant papier, colle polyuréthane, peinture acrylique. 68 x 98 x 8 cm
— Floral Bottlecap Jarlid Nugget with Nails on Cyclical Pedestal, 2007-2008. Bois, bois de récupération, clous, bouchons de bouteille, peinture acrylique, peinture émaillée, plexiglas, contreplaqué, ventilateur de salle de bains, harmonica, fil électrique, adhésif, transformateur, détecteur de mouvement. 101 x 62 x 27,5 cm
— Rolled Bricks and Brick-Heads Meet The Solar Gods, 2007-2008. Peinture acrylique, mine de plomb, graines de tournesol, algues, papier, et sable sur papier. 164 x 250 cm
— Cornucopia With Solar Panel Sky, 2007-2008. Peinture acrylique, mine de plomb et poussière de briques sur papier. 82 x 106 cm
— Cornucopia Vase Pedestal and Floral Brick Nugget, 2007-2008. Bois de récupération, pépite de plâtre, colle, contreplaqué, poussière de briques. 106 x 78 x 27,5 cm
— Solar Panel Pedestal and Double Brickpot, 2007-2008. Brique polie par l’océan, mailles en plastique, fil de fer, bois de récupération, contreplaqué, peinture  acrylique. 33 x 43 x 27,5 cm
— Price Explosion, 2006. Aquarelle, mine de plomb, marker argenté. Ensemble de 8 dessins : 39,5 x 31 cm chaque (encadré)
— Une coccinelle dans son environnement naturel, 2008. Impression numérique. 23,5 x 31 x 2 cm encadré
— Weathering, 2007. DVD. 2 mn 14 s, en boucle.
— Water Power, 2008. DVD. 3 mn 33 s, en boucle.

Dessins
— Sketchy Inhabitants, 2006-2008. Mine de plomb, aquarelle, crayon de couleur. 21 x 29,7 cm
— Underwater Underground, 2006-2008. Mine de plomb, aquarelle, marker, tip-ex. 21 x 29,7 cm
— Sunglasses and Nightshades on a Stalagmite, 2006-2008. Mine de plomb, aquarelle, marker. 21 x 29,7 cm
— Bloodletting, 2007-2008. Mine de plomb, gouache, crayon de couleur. 21 x 29,7 cm
— Simple World From Space, 2007-2008. Mine de plomb, peinture acrylique, marker, aquarelle. 21 x 29,7 cm
— Finding the Flower, 2007-2008. Mine de plomb, stylo, aquarelle, marker, tip-ex. 21 x 29,7 cm
— Shep, 2005. Mine de plomb, aquarelle. 21 x 29,7 cm
— Slushy Sidewalk Meteorite Presentations, 2005-2007. Mine de plomb, stylo, peinture acrylique, aquarelle. 21 x 29,7 cm
— Trophyatrophy, 2006-2007. Mine de plomb, crayon de couleur, marker, gouache. 21 x 29,7 cm
— Passing the Planetarium, 2006-2007. Mine de plomb, tip-ex, crayon de couleur, impression jet d’encre, colle. 21 x 29,7 cm
— Slo-Mo, 2007. Mine de plomb, gouache, crayon de couleur, marker. 21 x 29,7 cm
— 3 Hills, 2007. Mine de plomb, crayon de couleur, marker, tip-ex. 21 x 29,7 cm
— The Devil Pours out of the Guitar with the Homemade Pickguard, 2007-2008. Mine de plomb, peinture acrylique, marker, crayon de couleur. 21 x 29,7 cm

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