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Café Hawelka

PMarie-Jeanne Caprasse
@12 Jan 2008

Voyage nostalgique aux accents de café viennois, ambiance surannée et poses cinématographiques pour cette nouvelle série de peintures à l’huile d’Yigal Ozeri.

A quarante-sept ans, Yigal Ozeri a produit une œuvre dense et diversifiée. Il a commencé par peindre le vide, l’absent-présent, avec sa série des chaises vides, puis celle des robes sans corps pour les habiter. Il a longtemps puisé dans l’histoire de la peinture en faisant des références directes à des œuvres de la Renaissance ou du Baroque, notamment dans ses hommages à Vélasquez ou à Rembrant.

Mais depuis les années 2000, sa peinture se recentre sur le visible, le quotidien. Il s’intéresse aux paysages urbains et aux pigeons, peuple des villes. En 2002, il commence une nouvelle série de portraits en prenant notamment pour modèles ses deux enfants. C’est dans la droite ligne de ce travail que s’inscrit la série de peintures aujourd’hui présentée à la galerie Eric Dupont.

Alors qu’il a longtemps fait disparaître les visages des êtres qui habitaient ses compositions, Yigal Ozeri recentre toute son attention sur la figure et sa main dessine des yeux ronds et pleins, des rides apparentes, des bouches pulpeuses et des cheveux dorés. Son travail est minutieux. La facture est belle, maîtrisée, avec un rendu très réaliste.

Le jeu des ombres et des lumières, la mise en scène du quotidien dans sa plus stricte banalité, font penser aux images cinématographiques ou à celles d’un roman-photo. D’autant plus que la série repose sur un seul modèle, une jeune femme blonde nommée Elisabeth, que l’on voit lire un journal, regarder par la fenêtre ou simplement poser devant l’artiste.

Le décor a un côté suranné, en référence directe au Café Hawelka, lieu de prédilection des artistes viennois du début du siècle dernier, que l’artiste a fréquenté lors d’un récent voyage à Vienne. C’est cette nostalgie des temps anciens qui est traduite dans le style classique, les tonalités chaudes et les arrières-plans sombres, amenant l’idée d’un retour en arrière vers un quotidien figé dans l’instant.

Yigal Ozeri
— Elisabeth 2, 2005. Huile sur papier. 60 x 90 cm.
— Elisabeth 5, 2005. Huile sur papier. 96,5 x 145 cm.
— Elisabeth 7, 2005. Huile sur papier. 100 x 147,5 cm.
— Elisabeth 4, 2005. Huile sur papier. 91 x 62 cm.
— Elisabeth 6, 2005. Huile sur papier. 100 x 147,5 cm.

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