DANSE | SPECTACLE

À vue

08 Nov - 09 Nov 2018

Entre danse et théâtre, la pièce À vue, de Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna, brouille les genres pour laisser place à l'altérité. Des femmes vêtues en hommes qui se transforment en femmes... Pour une pièce à la présence charnelle, à la fois singulière et plurielle, hors catégorie.

Transdisciplinaires, Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna (Cie Toujours après minuit) conjuguent danse, théâtre et musique. Avec leur dernière pièce, À vue (2018), elles brouillent les pistes du genre. Sur scène, deux hommes se métamorphosent en femmes, et une femme est jouée par un homme. Au fil de la pièce, les personnages de Gabriel Mora (Roser Montlló Guberna) et Raphaël Leininger (Brigitte Seth), vont ainsi se transformer, à vue d’œil, en femmes. Tandis que le personnage de Michèle Prévost est interprété par Sylvain Dufour. Entre théâtre et chorégraphie, À vue explore la démultiplication des identités. Un peu comme Brigitte Seth vient du théâtre et Roser Montlló Guberna de la danse, pour mieux composer ensemble des Å“uvres qui excèdent ces deux catégories, À vue compose de l’altérité. Plus qu’un problème de genre biologique, la question du genre sexuel s’évase en une question globale d’identité et d’identification. Entre unicité et multiplicités.

À vue de Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna : entre la danse et le théâtre

Fin 2018, l’espagnole Angela Ponce sera la première candidate transgenre à participer à la finale de Miss Univers. Anecdote ou vertige : cela pose la question des attributs. Si certaines femmes se battent pour s’arracher du cliché de la femme-Barbie ; certains hommes se battent pour pouvoir s’identifier à Barbie, en tant que femmes. Le paradoxe ne subsiste que si l’identité est cantonnée à l’essentialisation (La Femme / L’Homme). La pluralité des identités, simultanées ou successives, permet de sortir des guerres de position. En conjuguant les disciplines, les genres, les dynamiques de métamorphose, À vue ouvre ainsi un chemin pour l’écoulement des possibles. Sur des musiques et vidéos de Hugues Laniesse, les personnages, par leurs voix, leurs gestes, leurs corps, composent du divers. Il n’y a pas de ligne droite dans une métamorphose homme-femme. Il y a des devenirs, des altérités, des identités composites et singulières, ni homme, ni femme.

Des personnages qui changent à vue d’Å“il : percevoir l’autre en temps réel

Avec À vue, Brigitte Seth, Roser Montlló Guberna et Sylvain Dufour mettent ainsi l’accent sur la singularité. Où chaque identité est à la fois unique et plurielle. Plurielle car composée de multiplicités puisées dans toutes les catégories. Et unique car hors catégorie. Mêlant mouvements dansés et textes de Jean-Luc A. d’Asciano, À vue offre la démonstration d’une possibilité d’exister hors catégorie. D’être à soi sa propre catégorie, quels que soient les attributs. Une robe, une chemise, un sein qui dépasse, une jupe, un costume, une chaussure à talon, un veston… Comme le dit Brigitte Seth, « J’ai le droit d’être… qui j’imagine que je suis ». Contre l’enfermement et pour une ouverture attentive à la diversité en acte, À vue invite à observer l’autre en temps réel. Dans son perpétuel processus de changement, mental et corporel. Au fil d’une pièce charnelle, parfois lente, parfois rapide, en mutation.

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