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Brassaï en Amérique, 1957

17 Juin - 30 Oct 2011
Vernissage le 17 Juin 2011

L'exposition "Brassaï en Amérique, 1957" permet de découvrir pour la première fois une partie ignorée de l'œuvre photographique de Brassaï. Ces photos réalisées en 1957 en Amérique sont pour la plupart en couleurs, alors que l'œuvre de Brassaï était auparavant uniquement en noir et blanc.

Brassaï
Brassaï en Amérique, 1957

Brassaï? Chacun s’empresse d’associer à cet immense photographe d’origine hongroise, devenu si parisien, les vues nocturnes d’un Paris interlope, qu’il portraiture dans les années 1930.

Ami des surréalistes, proche de Picasso, dessinateur, sculpteur, écrivain, inventeur éruptif multiforme, Brassaï symbolise l’esprit même d’une photographie sans égale dont il est en France, en compagnie d’André Kertéz et d’Henri Cartier-Bresson, le plus illustre des représentants.

C’est donc un véritable événement que de pouvoir découvrir pour la première fois, plus de 30 ans après sa disparition, une partie de son oeuvre photographique jusqu’ici ignorée, réalisée en 1957 en Amérique, et en grande partie en couleurs, lui qui, jusque là, était uniquement connu pour sa pratique en noir et blanc.

Pressé par Julien Lévy de présenter dans sa galerie New Yorkaise six «nocturnes», c’est-à- dire six épreuves de son Paris de nuit , en Mars 1932, Brassaï accepte avant d’expliquer que finalement il n’aura pas le temps d’exécuter les tirages.

En fait, encore peu sûr de la qualité de sa création photographique et découragé par la sombre description que l’écrivain Henry Miller, son plus proche compagnon du moment, lui fait de New York, Brassaï se détourne de cette proposition et assume cet acte manqué qui, dira-t-il plus tard, lui aura fait perdre trente ans dans sa carrière d’artiste.

En effet, même si Carmel Snow, qui vient de prendre la direction artistique du prestigieux magazine de mode Harper’s Bazaar , appuyée pour ce faire par le génie d’Alexey Brodovitch, lui propose un contrat dès 1936, Brassaï ne se rendra aux Etats-Unis qu’en 1957.

Entre temps il aura éprouvé la fidélité et la complicité de plusieurs personnes influentes dans le monde de la création, qu’il s’agisse de Carmel Snow qui va consacrer, pendant plus de trente ans, deux pages mensuelles aux réalisations du photographe -sous réserve d’ailleurs selon les voeux de ce dernier de ne jamais réaliser de photographies de mode- ou Edward Steichen et John Szarkowski avec lesquels va se nouer une longue amitié qui l conduiront ces deux conservateurs à présenter deux expositions majeures de Brassaï dans leur institution, Museum of Modern Art de New York: une exposition sur les Graffiti en 1956 et une rétrospective en 1968, notamment.

Après l’accueil triomphal de ses «graffiti» par la critique et le public américains, Brassaï se sent encouragé à franchir l’Atlantique. Aussi lorsque le luxueux magazine Holiday lui propose une carte blanche de plusieurs mois pour photographier, à sa guise, ce qui l’intéresse à New York et en Louisiane, accepte-t-il avec enthousiasme et une pointe d’inquiétude.

L’exposition que propose en première mondiale le Pavillon Populaire de Montpellier, accompagné d’une publication internationale aux éditions Flammarion, rend compte du travail jusqu’ici pratiquement inédit, effectué lors de ce séjour, et qui présente quelques particularités.

En effet, d’un point de vue technique, Brassaï va s’essayer à l’usage du petit format, ce qui le conduira à travailler immergé au milieu de la foule, notamment à New York, pour rendre compte par ses instantanés de cette vie urbaine intense; il privilégie le travail de jour, fixant un plan avant de se retourner pour suivre les passants, construit des séquences très cinématographiques: de fait, ses photographies se situent à l’opposé des images Paris de Nuit pour lequel il avait l’habitude de fixer longuement la scène en faisant face à ses sujets, les mettant parfois en scène.

Par ailleurs ce séjour va être l’occasion pour lui d’appréhender la couleur, ce qui le conduit à traiter des éléments particuliers: les murs recouverts d’affiches, les signes et néons nocturnes, les fêtes foraines mais aussi les vêtements bigarrés de ces années 1950, désormais mythiques.

Nul doute que pour Brassaï ce séjour américain n’ait été l’occasion de regarder autrement la ville, tout en restant fidèle à la sensualité de son regard, fasciné par la présence des femmes, et à sa poésie aux accents souvent surréalistes. (Agnès de Gouvion Saint Cyr)

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