PHOTO

Brankica Zilovic-Chauvain

PMarguerite Pilven
@12 Jan 2008

Brankica Zilovic-Chauvin réalise depuis 2000 des travaux portant sur les représentations stéréotypées du corps humain par le biais de ces attributs extérieurs. Le sujet se décline à travers des études de vêtements, des travaux de broderie réalisés à partir de photographies de mode.

La première série de l’artiste consiste en une approche extérieure du corps par sa tenue vestimentaire. C’est en réalité le vêtement qui tient lieu de corps unique, mimant et incarnant ses postures. L’attention est portée sur le rendu des tissus, le chatoiement de leurs teintes et leurs imprimés. Le corps est perçu à travers ses attributs extérieurs, son habillage social. Les esthétiques vestimentaires et les poses du vêtement-corps se répondent avec humour, esquissant chaque fois le portrait d’une personne à travers ce qu’il porte.

Un an après, les mannequins regagnent leurs vêtements, peintes à l’huile, dans des poses corporelles dynamiques soulignant la découpe du vêtement, sculptant la silhouette longiligne. La dernière série, intitulée « Broderies » introduit pour la première fois l’usage du fil, avec lequel Zilovic trace comme du bout d’une plume les contours de corps féminins étirés et graciles. Ils se détachent d’un fond neutre, réduits à un contour graphique sans épaisseur. Alignés par deux ou trois, les mannequins sont représentées en train de défiler. Leurs têtes sort toujours du cadre, qui ne retient que leurs corps, si semblables qu’ils semblent avoir été réalisés en série, par un système de copier coller. L’absence de visages souligne le caractère interchangeable de ces modèles. Les corps, dessinés avec l’austérité d’un patron de couture font penser à ceux des jeux pour petites filles, consistant à découper une silhouette et une série de vêtements et d’accessoires pour les habiller et déshabiller en des combinatoires multiples. Le jeu de la mode apparaît ainsi dans toute sa légèreté, comme une féerie fascinante et froide. Les notions de série et d’interchangeabilité des figures insistent sur son caractère éphémère, destiné à se renouveler infiniment, en un jeu de miroirs toujours répété. Mais parfois, la ligne cousue cesse de suivre docilement la silhouette pour prendre son indépendance et dessiner des trajectoires imprévues, s’animer en boucles fantaisistes, ou gribouillages colorés anarchiques perturbant la plastique parfaite de ces icônes trop lisses.

AUTRES EVENEMENTS PHOTO