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Boules ?

09 Avr - 29 Mai 2004

Du tableau à la boule. Le parcours de Jean-Luc Parant de 1963 à aujourd’hui: du tableau ventru recouvert de cire des premières années de son travail aux boules plates inédites récemment réalisées en passant par les boules.

Communiqué de presse
Jean-Luc Parant
Boules ?

Cette exposition présente le parcours de Jean-Luc Parant de 1963 à aujourd’hui: du tableau ventru recouvert de cire des premières années de son travail aux boules plates inédites récemment réalisées en passant par les boules (si nombreuses qu’elles se comptent par milliers et se perçoivent par éboulements). Les différentes œuvres exposées retracent ce parcours du tableau au tableau en passant par la boule: la boule est devenue si plate qu’elle a pu retourner au tableau d’où elle avait d’abord surgi. Du tableau à la boule, l’œuvre est devenue de plus en plus touchable mais de moins en moins visible, tandis que de la boule au tableau, l’œuvre est devenue une image intouchable et visible. Comme si cette œuvre était passée de la pénombre du toucher à la clarté de la voyance en passant par l’obscurité totale, par la nuit la plus noire comme pour atteindre au jour le plus lumineux.

«Il y avait donc des peintures qui étaient déjà des peintures à la cire, sur des planches: c’étaient des bas-reliefs en cire. […] Dans ces bas-reliefs, les yeux jouaient déjà un très grand rôle. Et puis, peu à peu, la cire est passée de l’autre côté de la planche-support: c’est devenu des bas-reliefs doubles, à deux faces. C’est à partir de ce moment là que ça a évolué vers la boule: il y a eu un moment où il a fait de grandes planches avec des ventres, c’est-à-dire que le relief est devenu de plus en plus fort, à tel point qu’il y avait des demi-sphères sur la planche. Et l’évolution tout à fait normale ça a été de passer à la sphère: là vraiment, la cire a complètement dévoré, recouvert et mangé son support.»

Michel Butor dans un entretien de 1977 avec Michel Sicard à propos de Jean-Luc Parant in Jean-Luc Parant, Imprimeur de sa propre matière et de sa propre pensée, collectif, éditions José Corti, 2004.

«La première boule a été un tableau trop gros, où les yeux, que je tentais de représenter comme s’ils étaient vrais, étaient trop gonflés et recouvraient la face et le dos, le côté droit et le côté gauche, le bord du haut et le bord du bas du tableau. La première boule a été un tableau qui n’avait plus de dessous et de dessus, plus de côté, plus de sens. J’ai alors quitté le support du tableau, je me suis séparé de la surface plate sur laquelle je travaillais comme si la terre était devenue ronde, j’ai fait des boules. Les premières boules avaient encore le dessin des bonshommes puis des yeux, ensuite elles se sont suffi à elles-mêmes, elles sont simplement devenues mâles et femelles. […] La boule est le tableau devenu touchable. Le tableau est la boule devenue intouchable. Comme si la sculpture était de la peinture pour les mains et la peinture de la sculpture pour les yeux. Quand une forme devient invisible elle se met en boule, quand elle devient visible elle se met à plat. Touchable, la terre en boule devient invisible sous nos pieds; intouchable, le soleil à plat devient visible sous nos yeux. Nous touchons et tout est en boule autour de nous, comme nous voyons et tout est à plat ; ou nous ne pouvons pas toucher et tout est à plat, comme nous ne pouvons pas voir et tout est en boule. Le tableau sans la boule c’est la vue sans le toucher, c’est la lumière sans l’obscurité, et sans l’obscurité la lumière n’éclaire rien, elle n’est que du feu qui brûle tout. Je fais des boules pour faire la nuit et je fais des tableaux pour faire le jour. Avec mes boules et mes tableaux, j’ai les deux côtés de la terre sous mes pieds, j’ai les deux côtés de mon corps sous mes mains et sous mes yeux.»
Jean-Luc Parant dans un entretien de 1999 avec Nadine Gomez-Passamar in Les yeux les boules, les boules les yeux, éditions de la Réunion des Musées Nationaux, 1999

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