DANSE | SPECTACLE

L’Absolu

23 Avr - 04 Mai 2019

Avec L'Absolu, Boris Gibé livre une pièce toute en voltige et nouveau cirque, en invitant les publics dans son Silo — un chapiteau spécifique, pensé par Boris Gibé. Spectacle poétique, à l'éclat mystérieux, L'Absolu s'étire et s'enroule autour de l'acte créatif, autour du désir d'infini.

Circassien, Boris Gibé (Cie Les Choses de Rien) cultive une poétique de la limite et de ses au-delà. Avec la pièce L’Absolu (2017), il convoque les publics dans son Silo. Un chapiteau en tôle de quatre étages, pouvant accueillir cent personnes. Expérience de repli permettant l’ouverture, le Silo offre un environnement dévolu à la quête d’absolu. Où tout peut contribuer à cette recherche : les lumières et leurs reflets, l’acoustique, la hauteur, la circularité des parois… Sorte de large puits, Boris Gibé y sombre, gravite et vole, défiant la pesanteur. Pièce à la texture métaphysique, qui d’autre que le réalisateur russe Andreï Tarkovski pour mieux matérialiser ce douloureux désir d’absolu ? Le citant, Boris Gibé souligne l’importance de l’art dans cet élan vers le dépassement. « L’homme au départ n’est que néant, son existence est absurde, dénuée de sens. Ce sont ses choix qui le font être ».

L’Absolu de Boris Gibé : le cirque et la voltige pour dompter le vertige du vide

Convoquant les publics autour de ce puits, L’Absolu laisse miroiter l’abîme. Dans le néant initial se rejoignent alors les éléments. Le feu, l’eau, l’air, l’électricité statique… Et par la création, l’être humain s’extirpe lentement du vide et de son vertige. « L’art incarne l’aspiration de l’homme à atteindre l’infini », note Andreï Tarkovski dans Le Temps scellé. Mais, n’oblitérant aucun côté de cette précieuse pièce, il ajoute que l’artiste plonge dans l’art « en dépit du fait que l’homme au cours de sa vie ne parvient pas à atteindre l’absolu. » Et c’est probablement ce qui donne à ses films comme aux spectacles de Boris Gibé cette fascinante lueur. Le fait de savoir qu’il ne soit nécessaire de renoncer à rien (formes, images, sons, mouvements, rythmes…), puisque l’absolu ne saurait être atteint. Puisque l’absolu est précisément ce qui ne connaît aucune limite, aucune fin.

Bienvenue dans Le Silo de Boris Gibé : un chapiteau unique en son genre

Initialement articulé en trois volets — Le Miroir, Le Procès et Le Sacrifice —, avec L’Absolu Boris Gibé questionne le rapport contemporain au Soi. Dans une société qui valorise la mise en scène de soi, l’autopromotion et la culture raisonnée des réseaux sociaux, Boris Gibé plonge dans le vide, le rien, l’infini. Cette immense vacuité dont chacun est probablement en mesure de sentir le souffle, lorsque se soulève la fine pellicule des conventions sociales. S’en reculer, Boris Gibé s’y engouffre. Dans un acte de création en forme de solo, qui, par une forme de dédoublement réflexif, déclenche son propre procès. Une dynamique savamment amplifiée par Le Silo, cette structure (homologuée) conçue par Boris Gibé. Soit un cylindre de douze mètres de haut pour neuf de diamètre, d’où les spectateurs peuvent plonger leurs regards dans le centre de l’action. Le tout formant ainsi une expérience de cirque unique, comme toute quête d’Absolu.

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