DESIGN | OBJET

Tarah & Confluentia

Entre esthétique de la fluidité et magie des métamorphoses, les meubles de la designer contemporaine Bina Baitel captivent par leur élégance. Les deux pièces Tarah et Confluentia ont ainsi en commun une harmonieuse ambivalence. Entre meubles d'appoint et tapis, Tarah et Confluentia proposent de réinventer les usages.

Dans les pièces de la designer contemporaine Bina Baitel se déploie souvent une forme de coulure. Une esthétique de la fluidité, de l’épanchement. Et comme des vases communicants, les pièces de mobilier de Bina Baitel (miroirs, luminaires, assises…) ont quelque chose d’aquatique et de métamorphique. Par un jeu de transvasement, les meubles permutent les uns dans les autres. Une lampe devient miroir (Grimm, par exemple), un tapis devient meuble… Avec Confluentia et Tarah s’opère ainsi l’hybridation entre tapis et meuble d’appoint.

Confluentia de Bina Baitel : deux tables de chevet reliées par un tapis d’Aubusson

Le projet Confluentia a reçu le premier prix de création de tapisserie contemporaine en 2012. Un prix décerné par la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson et la Cité du Design de Saint-Étienne. Entre design et tapisserie, Confluentia combine ainsi deux meubles tapissés et un tapis ras d’Aubusson. Entre impression de peintures se déversant au sol et réalité d’un tapis serti de deux tables de chevet, l’ensemble forme une sorte de paysage. À la lisière du lac et de la carte topographique, le tapis relie les deux consoles ajourées. Et comme les tapisseries d’Aubusson des XVIIe et XVIIIe siècles, le tout forme un paysage domestique. À lire comme un plan déployé dans l’espace. Invitation à l’imaginaire, l’usager entre ainsi dans la tapisserie, dans l’espace d’hybridation. L’entrelacs du tissage répond à l’entrelacs d’un jardin imaginaire, éclaboussant murs et meubles.

Tarah de Bina Baitel : entre console et matelas, pour un meuble hybride

En amont de Confluentia se trouve également la console-matelas Tarah (éditée par NextLevel Galerie, 2011). Le meuble Tarah se compose de la même forme ajourée. Soit une console à quatre pieds, sans tiroir mais sur deux niveaux. Inspirée par l’art de vivre oriental, la pièce Tarah puise son nom dans le verbe arabe tarah [Jeter à terre], donnant aussi matrah (devenu ‘matelas’ en français). La pièce se compose d’un petit meuble en fer forgé rehaussé à la feuille d’or, sur lequel vient s’enrouler un textile matelassé. Une sorte de tapis intégré pouvant être ceinturé autour du meuble ou être déployé à sa suite, comme une traine ou un espace de jeu. Hybride, là encore Tarah joue sur l’imaginaire et promet des usages singularisés. Meubles précieux et étonnants, Confluentia et Tarah, par le mariage des fonctions et l’élégance de leurs lignes, ouvrent ainsi une porte sur une esthétique conjuguant intimité et ouverture.

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