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Bill Brandt. Ombre et lumière

L’ouvrage respecte le désir du photographe Bill Brandt d’organiser son œuvre thématiquement et non formellement. Le travail de Bill Brandt, imprévisible de par les sujets abordés, mais aussi de par son style de tirage, qui ne cessa d’évoluer tout au long de sa carrière, défend une esthétique dont la liberté est déroutante.

Information

Présentation
Ss la dir. de Sarah Hermanson Meister
Bill Brandt. Ombre et lumière

Bill Brandt (1904-1983) est une figure fondatrice de la tradition moderniste de la photographie: son exploration visuelle de la société, du paysage et de la littérature de l’Angleterre est indispensable pour comprendre l’histoire de la photographie et, sans doute, la vie en Angleterre au milieu du XX° siècle. Il se situe parmi les visionnaires qui, par la richesse de leur parcours, ont montré le potentiel créatif d’une photographie fondée sur l’observation du monde environnant.

Bill Brandt établit sa réputation de photographe avant la Seconde Guerre mondiale en publiant deux ouvrages qui présentent la quintessence de ses premières études sur la vie britannique –The English at Home (1936) et A Night in London (1938). Durant la guerre et dans les décennies qui suivent, il approfondit ce travail documentaire social en effectuant des reportages commandés par quelques-uns des plus grands magazines illustrés de son temps. Cette voie le conduit à s’intéresser plus particulièrement aux portraits (notamment d’écrivains britanniques) et aux paysages, souvent dans leurs relations avec les grandes figures littéraires de la Grande-Bretagne.

Mais son véritable accomplissement artistique –auquel il se consacre surtout entre 1945 et 1961– est une série de nus tout à la fois personnels et universels, sensuels et étranges. Collectivement, ils illustrent le «sentiment d’émerveillement» qui, chez lui, occupe une si grande place.

Au cours d’une carrière longue de près de cinquante ans, Brandt s’est constamment intéressé à la capacité de la photographie de faire de l’art à partir d’une réalité factuelle toute simple. C’est d’ailleurs un principe central du modernisme en photographie, mais Brandt parvient, à un degré que n’atteignent pas ses pairs, à résoudre la tension entre réalité et imaginaire en transcendant (ou en ignorant) ces deux étiquettes.

Jusqu’ici on a souvent relégué au second plan la question de l’évolution spectaculaire du style de tirage de Brandt, mais, s’il est important d’apprécier ses noirs presque impénétrables et les tons sourds de ses premières épreuves –celle des années 1930–, il ne faut pas voir pour autant, dans les tirages de la fin de sa carrière, des interprétations abâtardies de son œuvre par un homme vieillissant. En réalité, pour Brandt, exposer le négatif n’a toujours été que le début d’un processus.

Le travail de Brandt influencera des artistes aussi différents qu’Ansel Adams, Robert Frank, R. B. Kitaj et David Hockney.

Catalogue officiel de la rétrospective «Bill Brandt Shadow and Light» au MoMA de New York du 5 mars au 13 août 2013.