LIVRES

Bikini

Captures d’écrans de sites internet, photos, dessins, etc. illustrant une certaine technologie guerrière : porte-avions, tanks, matériels militaires, maquettes d’engins, bâtiments… Une profusion d’images sans texte qui, par leur agencement et leur nombre, deviennent presque déréalisées, dénaturées. Une réflexion sur l’impact d’images a priori très signifiantes mais dont l’abondance neutralise le sens immédiat.

— Auteur : Anne Frémy
— Éditeur : La Ferme du Buisson, Noisiel
— Année : 2004
— Format : 10,50 x 15 cm
— Illustrations : 325, en couleurs
— Pages : 296
— Langue : français
— ISBN : 2-909958-00-0
— Prix : 20 €

Présentation

Bikini est un livre d’images sur l’univers des formes produit par l’art de la guerre. Son titre cristallise déjà l’ambivalence qui le conduit, de la sélection des images au montage. Car le nom du tout petit maillot de bain, évoquant volupté balnéaire et sensualité légère, désigne aussi l’archipel élu des premiers essais nucléaires.
Anne Frémy ne cherche pas à dissoudre la tension qui régit ces deux pôles extrêmes ; elle l’entretient au contraire, elle la radicalise, elle l’étire au maximum. Les manifestations éphémères ou durables du fait militaire prennent souvent des teintes et des formes incroyables, surnaturelles, parfois magnifiques. Bikini, c’est le cœur écrit de l’ambiguï;té qui palpite page après page : c’est bien leur ambiguï;té qui a présidé au choix des images. Et c’est encore l’ambiguï;té qui a gouverné la composition du livre. Dans cet agencement paradoxal, elles deviennent autre chose que ce qu’elles représentent isolément et posent la question de la morale des formes et de « l’innocence de l’image » [Marie-José Mondzain] : la plupart de celles-ci sont aussi celles des avant-gardes.

D’ailleurs, sous les images, on ne trouvera pas de légendes, c’est leur montage quasi-cinématographique qui fait commentaire, suggère la critique. Tout l’intérêt pour le « lecteur » réside en ceci que cette articulation le laisse libre dans son interprétation, là où la légende l’aurait figée (alors que, comme son nom l’indique, elle peut tromper).

Considérant l’image comme une « matière première naturelle » [Marie-José Mondzain], Anne Frémy extrait de ce matériau brut cueilli sur le web toute sa puissance d’évocation et d’équivocité. Sorties de leur sanctuaire, ces images nous renvoient aux multiples façons dont le domaine militaire, apparemment si étranger, imprègne notre quotidien : architecture, paysage, design, mode, jeux, mais aussi nos pétards et feux d’artifice commémoratifs.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions de la Ferme du Buisson)

L’artiste
Anne Frémy, collaboratrice de Jean Nouvel, est à la fois vidéaste, photographe, scénographe, paysagiste, architecte, documentaliste…