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Big Idea

PMarie-Jeanne Caprasse
@28 Fév 2012

On plonge dans les dessins de John Casey comme dans un conte, avec le même émerveillement inquiet. La transformation, l’interpénétration de l’homme et de la nature, les membres coupés qui ont leur vie autonome ou le gigantisme des mains et des figures, tout fait signe pour transcrire et transmettre une émotion intime de l’artiste.

Les dessins de l’Américain John Casey reposent sur un questionnement des êtres et sur l’expression d’un état intérieur à l’aide de signes graphiques porteurs d’une forte valeur émotionnelle. Mains, têtes disproportionnées, fleurs, bouches grimaçantes, et regards absents sont les éléments de base de son langage, qu’il assemble au gré de son inspiration dans un fabuleux jeu de construction.

John Casey est un conteur qui ne redoute pas les monstres et les êtres marqués par une difformité. Son univers est directement connecté à une terrible beauté, qui fascine en même temps qu’elle effraie.
John Casey dévoile peu de sa vie intime et ne livre pas d’interprétation. Toutefois, il aime à dire que ses dessins sont une manière d’extérioriser ses démons intérieurs et que si l’on peut y voir des monstres, ce sont aussi et surtout des êtres fragiles et vulnérables, puissant et impuissants, qui se battent avec leur laideur et leur déformation.

Ils expriment très souvent la sensation d’enfermement et de castration: pansements qui enserrent les corps mais aussi personnages munis de cisailles prêts à entailler un membre. La main, disproportionnée et omniprésente peut prendre plusieurs sens: celui de la main trop lourde qui traduit une autorité douloureuse mais aussi celui, plus positif, de la rencontre avec l’extérieur et de l’expression de l’artiste par la main quand il dessine.

Son dessin possède une réelle faculté de mise à distance du réel. Il produit des images mentales qui reposent sur des jeux d’associations, extraits d’un contexte et isolés sur la page blanche. Cet effet de synthèse que l’on retrouve également dans la finesse de son trait à l’encre et l’épure de son dessin, introduit une mise à distance conceptuelle dans un univers à haute valeur émotionnelle. Mais si l’artiste s’est construit un langage, personne n’en connaît la clé. Et c’est le mystère qui s’en dégage qui nous attire et nous ensorcelle.

Å’uvres
John Casey
— Parent, 2011. Crayons sur papier. 43 x 35 cm
— Reluctant, 2009. Crayons sur papier. 50 x 66 cm
— Effigy, 2010. Crayons et acrylique sur papier. 66 x 50 cm
— Multiplication, 2077. Crayons sur papier. 28 x 50 cm
— Early Bloomer, 2009. Crayons sur papier. 50 x 38 cm

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