ART

Between Black and White

PPierre-Évariste Douaire
@12 Jan 2008

Les sept grandes peintures grises brossent des instantanés de la vie anglaise. Les sept toiles sont des objectifs braqués aux carrefours et aux quatre coins des rues. La vie y est paisible et calme.

D’habitude Martin Maloney peint en couleur, cette fois-ci il s’essaie au noir et blanc. Le titre de l’exposition ne laisse planer aucun doute. Between Black and White, entre noir et blanc, nous plonge à l’intérieur de sept peintures où le gris domine l’espace. Les toiles en grand format, de dimensions identiques, représentent les mêmes scènes quotidiennes et urbaines.

Face à ces saynètes, on se prend à passer en revue tout un paysage anglais familier mais qui reste encore lointain et un brin exotique. Les sept scènes constituent un bestiaire qui dresse, modestement, l’état d’un pays à travers un genre mineur mais plein de promesse. Toutes les vues et toutes les personnes présentées sont autant de clichés montrant, sans artifices, des tranches de vie anglaise.

Paisiblement le quotidien s’écoule au bord du trottoir. Le modèle ressemble à ces plans dans les feuilletons télévisés où l’on montre en plan fixe les endroits que fréquentent les personnages : la maison, la cafétéria, l’école, le restaurant, les bureaux où ils ont l’habitude de se retrouver. Ces petits moments permettent à l’intrigue de se poser. Le fil narratif n’est pas rompu à cause des ruptures géographiques.

Le procédé ici utilisé est identique, mis à part qu’aucune scène n’est significative. Rien ne vient appuyer une démonstration ou faire un travail d’introspection. Le désir sociologique ou anthropologique s’arrête là où commence l’intérêt de peindre. Avant de délivrer un quelconque message, le peintre exerce son métier. Peu importe le prétexte et le motif, ce qui importe, c’est de peindre.

Pourtant, face à cette volonté évidente, la seule contrainte d’employer du noir et blanc semble être insuffisante. L’entre-deux du titre aiguise l’appétit et l’excitation, mais on reste un peu sur sa faim. La proposition est intéressante, mais la confrontation annoncée ne vient pas. Le peintre est meilleur dans les couleurs que dans les gris. Le programme du titre de l’exposition est ambitieux, mais il ne trouve pas d’échos, même discrets, dans les compositions. Cette série est plus la démonstration d’un abandon de la couleur qu’un vrai parti pris pour le noir et blanc.

Ce qui est donné à voir est aux antipodes d’une confrontation fraternelle entre ces deux couleurs exclues du cercle chromatique. Alors qu’ils devraient jouer les arbitres dans cette partie en train de s’écrire au pinceau, ils en restent définitivement exclus. Le noir et le blanc sont hors jeu, ils sont hors cadre.

En entrant dans la salle, devant l’ensemble de la production, le regard est saisit par une tonalité grise. On pensait rencontrer une bataille dantesque d’éléments picturaux et l’on assiste à une présentation morne et brumeuse. Le champ de bataille a été déserté par les belligérants avant même toute confrontation. Il ne reste rien du combat tant attendu, sauf un voile sans saveur, ni aspérité. Le passage de la couleur au gris n’est ni stimulant, ni significatif. Au lieu d’apporter quelque chose de nouveau, il fait sentir l’absence de la couleur.

Martin Maloney
Weeping Cherry, 2005. Huile sur toile. 200 x 160 cm.
Blossom, 2005. Huile sur toile. 200 x 160 cm.
Scooter, 2005. Huile sur toile. 200 x 160 cm.
Chain Link, 2005. Huile sur toile. 200 x 160 cm.
Window Shopping, 2005. Huile sur toile. 200 x 160 cm.
Twins, 2005. Huile sur toile. 200 x 160 cm.
Promenade, 2005. Huile sur toile. 200 x 160 cm.

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