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Benjamin Graindorge

Les objets du jeune designer hésitent entre fonctionnalité et poésie, matérialité et transparence. Après avoir découvert ses croquis dans l’exposition « Dessiner le design » aux Arts décoratifs, on le retrouve au PAD 2010 avec deux nouvelles créations. Une rencontre brève mais des plus agréables sur le stand de la galerie Ymer et Malta.

Anne Bony. En juillet 2009, vous avez conçu Floating Garden, un projet que l’on peut découvrir aujourd’hui dans la vitrine de la boutique Printemps design, au Centre Pompidou. En quoi peut-il être emblématique de votre travail?
Benjamin Graindorge. Floating Garden est un projet que j’ai conçu avec Anthony van den Bossche. Il correspond à une réflexion que je mène depuis quelque temps: tenter de concevoir un objet de contemplation. C’était d’ailleurs le thème de mon projet de fin d’études à l’ENSCI. A l’époque, mon projet était comme un western, une fiction avec des objets − trois aquariums, trois bassins, une lampe et des rideaux − mis dans un certain contexte: des boites à fond noir. Je souhaitais recomposer un nouveau paysage domestique, infiltrer la nature dans l’environnement urbain.
Floating Garden est issu de ce désir de proposer des objets fascinants, qui attirent l’œil. Le projet a aussi une logique écologique. L’aquarium dans lequel nagent les poissons libère des nitrates qui nourrissent les plantes et l’oxygène qu’elles libèrent en se développant ressource l’eau de l’aquarium. Un micro écosystème ! Cela fonctionne depuis huit mois, mais nous n’avons pas trouvé de commercialisation à l’échelle industrielle pour ce projet… Nous en réaliserons sans doute une édition limitée dans le cadre d’une galerie, une version plus luxueuse afin que le produit vive.

Vous exposez aujourd’hui au Pavillon des arts et du design 2010, dans l’écrin de la galerie Ymer et Malta. Que proposez-vous?

Benjamin Graindorge. Je viens d’effectuer une résidence de huit mois dans la villa Kujoyama, au Japon. Au départ, je pensais mener un travail avec des artisans nippons mais finalement je me suis rendu compte qu’ils étaient extrêmement méfiants et la collaboration n’a pas été possible. Je me suis alors contenté d’observer, de visiter les temples, les musées, j’ai rencontré de nombreux artisans et cela a nourri mon imaginaire. J’aime énormément le dessin, j’ai donc produit de nombreuses études et croquis. Je suis rentré du Japon avec un ensemble de projets inspirés de la nature, qui est très présente là-bas.

Le vase Ikebana Medulla, par exemple, est l’une des œuvres conçues à la suite de cette résidence au Japon…

Benjamin Graindorge. Oui, j’ai imaginé un vase qui puisse vivre sans fleurs, qui soit présent avec une forte dimension poétique. Pour ce faire je me suis inspiré de l’Ikebana, la science japonaise de la composition des bouquets, avec une dimension vivante le « medulla », qui est la partie inférieure du cortex appelée aussi bulbe rachidien.
Le vase est un organisme vivant. L’objet a été réalisé en frittage, un mélange de poudre de plastique et de billes de verre, une alchimie qui permet que le vase soit à la fois solide tout en étant souple. Pour le concevoir, je suis passé par une phase de dessin qui traduit cette recherche inspirée de la nature, le vivant. Le dessin est une nébuleuse, une idée, c’est le moment que je préfère dans mon travail, l’étape incontournable avant la numérisation et la fabrication.

Que dire du luminaire Aspherical Skylight?

Benjamin Graindorge. Aspherical Skylight est un objet lumineux que l’on croirait en apesanteur… Il m’a sans doute été inspiré par l’immensité du ciel. Il fait partie d’une nouvelle typologie d’objets que j’appelle les « flottants ». Des objets vers lesquels le regard, captif d’une illusion, est inexorablement attiré, des objets qui ont une sorte de pouvoir hypnotique. Comme il est suspendu, en lévitation dans l’espace, il s’apparente bien au mobilier et non à l’immobilier. Je les appelle également des objets de courtoisie, en cela qu’ils restent discrets.
Prenons un exemple, le miroir, un objet que je souhaite disponible mais pas présent de façon obsessionnelle. Si l’on veut se regarder, je préfère que l’on se penche au lieu que le miroir impose sa présence de façon permanente.
Pour le Pavillon des arts et du design donc, nous avons produit deux objets, Ikebana Medulla et Aspherical Skylight, qui représentent deux aspects de ma rêverie.

Très récemment, le vase Bloomingbless, d’une structure assez complexe car constitué de volumes imbriqués, a aussi été édité chez Ligne Roset…

Benjamin Graindorge. Oui, je très suis heureux de cette édition. Le vase avait été présenté en janvier, au salon Maison et Objet. Je n’ai pas encore beaucoup produit donc c’est un bon début. Dans le parcours d’un designer il existe des passages obligatoires, sorte de chemin de Damas. D’abord un vase, une lampe, une table basse et enfin une chaise, je suis en bonne voie…

Vous êtes donc un jeune designer de 29 ans, plein d’avenir ! Quels ont vos projets aujourd’hui, du moins à court terme?

Benjamin Graindorge. Actuellement, je travaille sur la scénographie de la prochaine Biennale de design de Saint-Etienne aux côtés de François Bauchet. C’est une expérience des plus enrichissantes. J’apprends beaucoup auprès de lui. Voilà pour le court terme…

Benjamin Graindorge
Ikebana Medulla, 2010. Vases en Polyamide. Gamme noire ou blanche.
Bloomingbless, 2010. Vase. Edition Ligne Roset.
Aspherical Skylight, 2010. Plaquage chêne gris blanchi, peinture « blue ground » ultra-mat de Farrow & Ball, tube fluo lumière du jour, câblerie. 133 x 23 x 60 cm.
Floating Garden, 2009. Aquarium, plantes, sable, système de filtration 100% naturel. Disponible en version céramique ou plastique.
– Croquis pour le vase Ikebana, 2010. Dessin.

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