LIVRES

Beaux Arts n° 251

Une exposition d’art cinétique, un week-end à Reykjavik, un entretien avec Buren, une enquête sur l’art et le travail, une confrontation Bacon/Picasso, un hommage à Harald Szeemann, et tant d’autres choses. Le programme du mois de mai pensé par Beaux Arts à de quoi nous occuper.

— Directeur de la rédaction : Fabrice Bousteau
— Éditeur : Beaux Arts Magazine, Paris
— Parution : mai 2005
— Format : 22 x 28,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs
— Pages : 146
— Langue : français
— ISSN : 0757 2271
— Prix : 6,30 €

Éditorial
par Fabrice Bousteau (extrait)

Marcel Duchamp est « un artiste américain ». C’est ce qu’écrit le MoMA de New York sur les cartels des Å“vres qu’il expose de l’artiste. Dire que Duchamp est américain est ridicule et faux […] Mais non content dc coloniser notre patrimoine, le MoMA nie notre création. Il faut dire et répéter qu’il n’est ni sérieux d’un point de vue artistique, ni tout simplement acceptable que le même musée n’expose aujourd’hui que deux artistes français vivants dans ses salles consacrées à la création contcmpoaine. […] Car en exposant peu d’Européens et aucun (ou presque) Français, le MoMA dévalorise nos artistes tant sur le marché de l’art que dans les autres grands musées du monde. Cela contribue également à décrédibiliser les galeries françaises au point qu’un artiste français qui veut exister sur le marché international est de plus en plus contraint à travailler avec une galerie américaine. Ce que mènent depuis la Seconde Guerre mondiale les institutions artistiques américaines et anglaises […] n’est rien moins qu’une guerre feutrée mais impitoyable pour imposer leurs cultures et doper leurs marchés. Ceux qui ne s’intéressent pas à l’art ne peuvent imaginer l’enjeu colossal de cette politique. Il suffit pour en mesurer l’importance de rappeler que le secteur de la culture et du divertissement est la deuxième source de revenus la plus importante du PIB américain. […] Et que peuvent faire nos institutions ? Protester officiellement ? Oui, absolument. C’est un minimum et pourtant, à ma connaissance — j’espère être démenti — aucune institution française ne l’a fait à ce jour. […] Et la France peut se vanter d’être l’un des pays — voire le pays — qui propose dans ses musées la plus grande diversité culturelle. Ce que nous devons faire, c’est d’abord investir davantage dans la création, ensuite mettre nettement plus en valeur nos artistes en France. […] Mais, outre les institutions (cela concerne aussi la politique culturelle internationale menée par le ministère des Affaires étrangères), la question concerne les colledionneurs, les galeries, les entreprises privées mécènes et/ou productrice d’expo, sitions, les médias. La question n’est pas nouvelle, elle se pose depuis près de trente ans. Il serait temps qu’un débat soit ouvert et une stratégie définie. […] En attendant, et vu le succès de l’exposition de Daniel Buren au Guggenheim de New York (le seul artiste français vivant ayant eu à ce jour une exposition personnelle dans ce musée), peut-être faut-il se préparer à prononcer « Buren » à l’anglo-saxonne.

(Texte publié avec l’aimable autorisation de Beaux Arts magazine)