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Basse def. Partage de données

Le catalogue de l’exposition «Basse def», organisée à l’automne 2007 au OUI de Grenoble, se présente sous la forme d’un recueil d’essais autour de l’idée de basse définition dans l’art contemporain et les nouveaux médias.

Information

Présentation
Stéphane Sauzedde, Nicolas Thély
Basse def. Partage de données

Ce catalogue a été publié à l’occasion de l’exposition éponyme organisée par Stéphane Sauzedde et Nicolas Thély au centre d’art contemporain OUI, Grenoble (aoui.org), de septembre à octobre 2007. C’est un essai, plutôt qu’un simple catalogue, autour de cette exposition dédiée à l’idée de basse définition dans l’art d’aujourd’hui, les nouveaux médias et au-delà.

Basse def. Partage de données fait état de l’énergie folle que génère le réseau et de l’utilisation tous azimuts des codes et des données qui y sont disponibles. Car il n’a jamais été aussi facile de faire des images, des vidéos ou des dessins, de les manipuler et de les partager ; et qu’il s’agisse de fonds d’écran, de blogs, de webzines, de collections de gifs animés, d’albums photos sur téléphone portable, de playlists d’amateurs proposées ici ou là, les gisements de formes «basse définition» sont formidablement nombreux et ils coulent à flot.

Basse def. Partage de données est le troisième et dernier moment d’une aventure collective née de la rencontre entre des artistes (Fanette Muxart, Clôde Coulpier, Camille Laurelli, David Lefebvre et Fabrice Croux), Stéphane Sauzedde (directeur de OUI, commissaire d’exposition, universitaire, producteur), et un chercheur, Nicolas Thély (maître de conférences à l’Université Paris 1- Panthéon-Sorbonne), qui, depuis 2004, a initié une réflexion sur la «basse définition» entendue comme régime de perception. Tous ayant en point commun un goût prononcé pour le partage de leurs données.

Basse def. Partage de données apparaît donc comme l’occasion de fixer une dernière fois les données collectives de cette aventure — après une exposition thématique qui s’est tenue à OUI, à Grenoble, en septembre-octobre 2007, et après une sélection de vidéos du site YouTube pour le «Web supplément» du journal Libération, visible en ligne sur ecrans.fr. Il s’agit ici d’envisager la question d’un point de vue plus théorique : Nicolas Thély propose un historique de la notion ; Dominique Pasquier, sociologue au CNRS, spécialiste des cultures lycéennes s’est prêtée à un entretien autour de la question des pratiques juvéniles et de la «basse définition» ; au centre du livre, les artistes de l’exposition «Basse def» redistribuent des visuels de leurs travaux, alors que Stéphane Sauzedde, pour terminer, rejoue l’exposition en livrant un véritable roman de la scénographie qu’il avait alors imaginée pour OUI.

Au final, est mise en exergue la gourmandise de toute une génération d’artistes pour les sources impures et «basse def». Et du coup ce sont leurs univers radicaux et décomplexés qui apparaissent, des univers comme des esquives habiles à la pesante banalité autant qu’au spectacle de la maîtrise des professionnels. «Basse def» peut-être, mais beau à pleurer.

Extrait de «De la chambre», à propos de l’exposition «Basse def», par Stéphane Sauzedde

«Petits collages, objets mal construits, déchets, photographies presque ratées, motifs abracadabrants… L’exposition « Basse def » s’est assurément construite à partir d’un goût pour les formes faibles, pour ce qui est bas ou atterrant. Et il est vrai que personnellement, j’ai toujours considéré la consternation ou l’affliction — le fait d’être affligé — comme un excellent point de départ pour une œuvre d’art.

Pour autant, « Basse def » n’est pas un projet qui soutient que tout se vaut et qui renonce à hiérarchiser, selon la doxa postmoderne. Il s’agit plutôt de partir de la contradiction suivante : il y a des formes faibles, proches de celles issues des pratiques amateurs, parfois obscènes ou ridicules de « bassesse », qui s’avèrent passionnantes ; et surtout il semblerait bien que ces formes dégagent une puissance bien plus stupéfiante que celles données d’emblée comme spectaculaires et remuantes — comme si la densité était inversement proportionnelle à son effet d’annonce.»

Les auteurs
Stéphane Sauzedde
et Nicolas Thély dirigent, avec Anaëlle Pirat et Emmanuel Hermange, l’association AAA (Association pour l’Agencement des Activités), qui gère OUI, centre d’art contemporain à Grenoble.