DANSE | SPECTACLE

Baron Samedi

12 Juin - 13 Juin 2012
Vernissage le 12 Juin 2012

Dans le plus pur esprit du carnaval, Alain Buffard opère un renversement des hiérarchies en même temps que des conventions sociales. Au départ de ce spectacle aussi bien musical que chorégraphique, la figure perturbatrice du panthéon vaudou Baron Samedi et celle, tutélaire, de Kurt Weill.

Alain Buffard
Baron Samedi

Le titre n’est pas ici une légende mais un point de départ. Ce perturbateur de cérémonies réglées que symbolise la figure de Baron Samedi appartient au panthéon vaudou mais introduit surtout l’idée du carnavalesque. Que cela ait retenu l’attention d’Alain Buffard ne surprendra pas. Son travail s’attache à mettre à jour en quoi la précarité évidente des identités sociales et catégories culturelles ne repose que sur un mouvement chaotique, désespéré et souvent douloureux, dont jaillissent parfois de fiers conflits comme d’audacieuses fusions. L’attention se porte alors sur le dérisoire des hiérarchies, des embrigadements et croyances aux simulacres sociaux qui conduirait à penser que l’on est bien ce que l’on est. Une parenté s’avère ainsi évidente entre l’examen de ces identités fragiles et ce qui s’inscrit dans l’énergie d’un bal de tous les renversements. Le principe du rire et de la sensation carnavalesque du monde qui sont à la base du grotesque détruisent le sérieux unilatéral et toutes les prétentions à une signification et à une inconditionnalité située hors du temps.[1] Il n’y a donc aussi jamais de métissage achevé et la décolonisation des esprits demeure toujours nécessaire.

L’univers des chansons de Kurt Weill anticipe à merveille ces considérations. La pièce, musicale surtout, réplique à l’envie cette perturbation des contours et échappe à toute catégorisation évidente. Fidèle à la liberté de la musique de Weill s’émancipant des attentes classiques et modernes, personne n’incarne sur le plateau un art ou un genre convenu qu’il conviendrait de marier à l’autre. Au contraire, le danseur chante, l’acteur danse, le musicien sort de son rang et surgissent de nouveaux artistes, tous fiancés du pirate pouvant dire Vous n’avez pas aujourd’hui qui je suis. Les pulsions du monde, visibles si on soulève un coin du tapis fragile sur lequel nous évoluons, embrouillent ce que l’on pensait familier et nous emmènent au large du port auquel on se croyait attaché. Au gré des déplacements en soi, hors de soi et entre soi, I’m a stranger here myself.

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