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Bamboo Blues

Communiqué de presse
Pina Bausch
Bamboo Blues

Arpenteuse d’humanités, Pina Bausch a pris goût, depuis 1989 et un fameux Palermo, Palermo, à s’évader de son havre de Wuppertal pour aller chercher dans le monde entier les saveurs d’une « esthétique du divers » chère à l’écrivain-voyageur Victor Segalen. Madrid, Rome, Los Angeles, Hong-Kong, Lisbonne, Budapest, Istanbul, le Japon et la Corée du Sud ont été à ce jour les escales sensibles de ce périple qui propage à travers la liberté contagieuse du Tanztheater, l’essence d’un cosmopolitisme diffus. Le monde n’est pas ici ou là, il est « tout ce qui arrive », disait Ludwig Wittgenstein.

Les spectacles du Tanztheater Wuppertal sont dans cette profusion de sens, où bribes et fragments composent un kaléidoscope qui fourmille de vies condensées. Danse de nos images mentales : d’un geste à l’expressivité éloquente, d’une anecdote parfois absurde, d’une image qui sait déraper dans la fantaisie, Pina Bausch dégage des arômes uniques, étranges et familiers, qui s’éloignent de la noirceur de ses premiers spectacles. À 67 ans, la chorégraphe est aujourd’hui soucieuse de transmettre un message d’espoir, qui n’ignore rien des conflits, haines et injustices qui enveniment la planète, mais va mettre l’accent sur les beautés qu’il faut aussi savoir déceler.

Terre de contrastes, l’Inde passionne depuis longtemps Pina Bausch. Des tournées du Sacre du printemps, en 1979, puis de Nelken, en 1994, l’ont familiarisée avec une civilisation qui a trouvé dans la musique et la danse le plus subtil des raffinements. À la faveur d’un séjour à Calcutta et au Kerala en novembre 2006, notamment guidée par son amie Chandralekha, grande interprète de bhârata natyam, Pina Bausch — accompagnée de son scénographe Peter Pabst et d’une partie de sa compagnie — s’est physiquement imprégnée d’une Inde à la fois ancestrale — celle des temples et des marchés traditionnels — et contemporaine — celle du « miracle économique ». Toutes ces impressions, filtrées et remixées dans le studio de Wuppertal, irriguent le flux d’une création où Pina Bausch, plus que jamais, délie la danse en une magnifique offrande sensible.

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