DANSE

Bal au centre: Balez donc…

PSmaranda Olcèse-Trifan
@10 Jan 2011

Le CND accorde dans sa programmation 2011 une place de choix au bal élitiste ou populaire. Projections, expositions et spectacles sont à suivre. Thomas Lebrun imagine pour l’occasion une soirée rythmée et pétillante.

Dans une cadence endiablée, les héros de Dirty Dancing, Saturday Night Fever, West Side Story et d’autres films musicaux cultes se disputent le dance floor, en l’occurrence l’écran placé dans l’atrium du CND, par lequel la vidéaste Charlotte Rousseau adresse au public une question en forme d’entrée en matière: « Do you want to dance ? ».

Ce soir, le dress code est au rouge et le public joue le jeu à merveille. Le Grand studio est métamorphosé en salle de dancing. Chacun s’y installe, tout en sirotant son verre de kir sur les musiques jouées en live par Las Ondas Marteles. Les chorégraphes Thomas Lebrun et Christine Corday, Père et Mère Noël peu conventionnels ― chapeaux et bottes de cow-boy, chapka russe à l’appui — sont les meneurs de cette soirée qui ouvre la saison des bals au CND.

Sous couvert d’une histoire des danses populaires, le public est convié à des travaux pratiques. Christine Corday, la « reine de la musette », agrémente son exposé d’exemples et n’hésite pas à faire appel aux spécialistes du genre — Claudia Miazzo et Jean Paul Padovani de la compagnie Tango Ostinato pour la valse et le tango, Olga Plaza pour le jazz roots et le madison ou encore Christian Ubl et Vanessa Marques Martinez pour les danses de salon des années 50. Mais pour se jeter à l’eau, sur la piste de danse, rien de tel que d’apprendre tout d’abord à choisir son partenaire en le sifflant à la javanaise. Parmi les réfractaires aux premières invitations, mais qui ne seraient pas non plus partis suivant l’injonction de Thomas Lebrun « Vous ne dansez toujours pas ? Alors rentrez chez vous et faites l’amour !», très peu tiennent encore en place quand Las Ondas Marteles déchaînent le bal rockabilly.

Il y a une certaine jouissance à pouvoir occuper ainsi le plateau du CND, de nos pas de danse plus ou moins maladroits, amusés ou convaincus. Mais il faut se garder de chercher à tout prix, dans cet événement, une sorte de chorégraphie éphémère constituée d’amateurs ou quelque autre proposition conceptuelle. Certes, revisiter l’histoire de la danse est une démarche plébiscitée à l’heure actuelle, mais ici, il s’agit d’emblée de danses populaires. Thomas Lebrun n’a de cesse de nous le rappeler, dans ses propos ou son attitude, à chacune de ses interventions. Le chorégraphe nous a par ailleurs habitué à une œuvre exigeante, oscillant au fil des créations entre virtuosité, justesse et théâtralité appuyée. Nous lui faisons donc confiance, refusons de suspecter qu’il succombe aux appels d’un populisme toujours plus insistant et nous entrons dans le bal. DJ Moulinex se charge de la suite de la soirée.

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