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PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

L’Espace Carte blanche, dans le XIIIe arrondissement, affirme sa vocation à organiser des expositions autour d’un axe de réflexion, celui des «rapports entre la peinture et la photographie». Après Raphaël Thierry et Marc Goldstain, la galerie invite donc Bruno Bressolin, auteur des séries Promesse non tenue qui, tout en faisant référence à l’univers du polar, interroge le rapport à l’image photographique, et Peau d’âme, réflexion sur la violence de l’âge d’adolescence.

 La série Promesse non tenue réalisée en 2005 par Bruno Bressolin, se scinde en deux parties distinctes. La première est constituée d’images représentant des pages de papier glacé de magazine, savamment froissées. Des bribes de visages de femmes, victimes d’actes violents ou souriant à pleines dents, y sont visibles. L’artiste a photographié ces pages froissées sur un fond blanc, dans un grand souci de netteté et de profondeur de champ, qui leur confère une dimension d’objets et de sculptures.
Véritables «photographies de sculptures», ces images dépersonnalisent le modèle à l’instar de la peinture cubiste, résumant le visage à des angles aigus, à la mise en valeur d’un œil, d’un nez, etc. A la violence du geste accomplissant le froissement du papier correspond celle que subit l’image de ces individus, voire celle qu’ils ont eux-mêmes subie dans leur chair.

En contrepoint, la série Promesse non tenue correspond également à des gros plans soignés, en noir et blanc, sur des éléments d’armes à feu dont on sait qu’elles ont servi. Au «ça a été» barthésien s’adjoint donc un «ça a servi» qui décuple le pouvoir de fascination de l’image: dans une perspective étourdissante, la balle au bout du chargeur attend le prochain coup de feu, tandis que barillets et menottes sont étudiés avec la minutie des images de la police scientifique.
Cette précision est rendue possible grâce à la technique de la digigraphie employée par Bruno Bressolin : ce procédé d’impression pour tirage sur papier d’art, véritable label mis au point par la technologie Epson, permet l’obtention de toute une gamme de tons et de contrastes, qui portent la photographie aux limites de la peinture, entre reproduction et œuvre sur papier.

Dans cette même technique est réalisée la série Peau d’âme (2007): des compositions en diptyques juxtaposent des portraits d’adolescents captés dans leur plus grande spontanéité, à des détails d’œuvres d’art anciennes, où l’usure du temps vient rappeler le lien ténu entre la force de vie de l’adolescence et la fascination de la mort qui pèse sur cet âge.
A proximité, une photographie représente un Ken, compagnon célèbre de la poupée Barbie, immergé à moitié dans une eau glauque, comme une sorte d’Ophélie contemporaine : comme noyée, le pantalon à demi baissé, la figurine illustre avec ironie le mélange d’esthétisation et d’angoisse qui imprègne les œuvres de Bruno Bressolin.

Bruno Bressolin
— Promesse non tenue, 2005. Metallic Paper contrecollé sur aluminium. 80 x 120 cm.
— Promesse non tenue, 2005. Metallic Paper contrecollé sur aluminium. 80 x 120 cm.
— Promesse non tenue, 2005. Metallic Paper contrecollé sur aluminium. 80 x 120 cm.
— Promesse non tenue, 2005. Metallic Paper contrecollé sur aluminium. 80 x 120 cm.
— Lettre en souffrance, 2006. Metallic Paper contrecollé sur aluminium. 50 x 70 cm.
— ChasubleChasubleChasuble, 2006. Metallic Paper contrecollé sur aluminium. 50 x 70 cm.

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