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Back Grounds. Impressions photographiques

PEva Robillard-Krivda
@12 Jan 2008

Exposition consacrée aux arrières plans de l’image photographique : techniques, prises de vue, cadrages et modes de présentation sont autant de facteurs constitutifs du sens des images. Impalpables, ils orientent le regard porté sur les choses, et conditionnent notre compréhension du monde.

Cette exposition, réalisée en collaboration avec Olivier Renaud-Clément, réunit les œuvres de trois artistes sur le thème de l’impression photographique. « Selon un cheminement de l’objectif au plus abstrait », les travaux interrogent « l’action photographique » dans son rapport au sujet.

La présentation de négatifs du baron Louis-Adolphe Humbert de Molard, datant de 1848, inscrit la problématique dans une perspective historique. Dès son apparition, la question du sujet se pose en effet à la photographie. Les cinq vues négatives sur papier (des calotypes) du rocher sur lequel s’élève le château de Falaise intriguent. À cause des teintes inversées (en négatif), l’image s’apparente davantage à une vision de l’esprit qu’à une reproduction de la réalité.
Dessaisies de leur objet, ces photographies s’appréhendent comme autant de manifestations du sujet. À travers ces images du baron de Molard, se pose la question du regard du spectateur contemporain, qui ne coïncide pas avec celui des premiers photographes, et qui a perdu de sa pertinence originelle.

C’est cet écart temporels entre les regards qui est au centre de la démarche de James Welling. Dans sa dernière série, New Landscapes, réalisée à l’aide d’un boîtier photographique 8 x 10 inches, il retourne sur les lieux de son enfance pour tenter à la fois de renouer avec la « tradition photographique du voyageur », et de retrouver le regard des « Primitifs du XIXe siècle ».
C’est ainsi qu’il photographie des ouvrages construits à l’époque : ponts métalliques, voies ferrées, bureau de poste, cimenterie, etc. Les « positifs-contacts » obtenus provoquent chez le spectateur une impression de désuétude. Le décale entre le sujet, le mode opératoire et l’objet, crée des sentiments antagonistes : la photographie d’une voie ferrée bordée de ronces et d’objets abandonnés comme Devon Tower, Milword, CT n’évoque plus le progrès et la vitesse jadis symbolisés par le train, mais reflète la vétusté et l’archaïsme.
James Welling utilise des techniques démodées, non pour ressusciter des images du passé, mais pour faire surgir les contextes historique et culturel qui conditionnent le regard.

Alors que les contextes ou back grounds forment la toile de fond virtuelle des positifs-contacts de James Welling, les fonds verts utilisés dans la conception de films et de vidéo servent d’objets aux photographies de la série des Green Screens de Liz Deschenes. Ces œuvres révèlent le non vu qui constitue les images de la télévision ou du cinéma.
Après avoir découvert le dispositif technique de ces fonds — Green Screen # 1 — le regard finit par s’y enfoncer. Le vert est omniprésent, il englobe le spectateur et l’isole dans un univers en attente de sens. Une des photographies en cyclorama, accrochée au mur, se déroule sur le sol, recréant l’univers d’un studio de télévision — Green Screen # 4. Dans ce monde illusoire, le spectateur est enclin à remettre en question la société de l’image.

Conçue comme un parcours, cette exposition est consacrée aux arrières plans de l’image photographique. Techniques, prises de vue, cadrages et modes de présentation sont autant de facteurs constitutifs du sens, parfois caché, des images. Au-delà de ce qui est photographié, cette dimension impalpable oriente le regard porté sur les choses, et conditionne notre compréhension du monde.

Liz Deschenes
— Green Screen # 1, 2001. Lambda Fujiflex monté sur plexiglas et laminé UV. 48 x 66 x 2,50 cm.
— Green Screen # 3, 2001. Lambda Fujiflex monté sur plexiglas et laminé UV. 48 x 66 x 2,50 cm.
— Green Screen # 4, 2001. Tirage jet d’encre : Face : laminé UV, Dos : renforcé Duratran. 465 x 180 cm.
— Green Screen # 5, 2001. Lambda Fujiflex monté sur plexiglas et laminé UV. 135 x 100 x 2,50 cm.
— Green Screen # 6, 2001. Lambda Fujiflex monté sur plexiglas et laminé UV. 93 x 56 x 2,50 cm.
— Green Screen # 7, 2001. Lambda Fujiflex monté sur plexiglas et laminé UV. 168 x 127 x 2,50 cm.

Baron Louis-Adolphe Humbert de Molard

— Sans titre (vue de Falaise) 5, 1848. Négatif original. 16,60 x 25 cm.
— Sans titre (vue de Falaise) 4, 1848. Négatif original. 18,40 x 24,90 cm.
— Sans titre (vue de Falaise) 3, 1848. Négatif original. 24,60 x 18,90 cm.
— Sans titre (vue de Falaise) 2, 1848. Négatif original. 18,50 x 25 cm.
— Sans titre (vue de Falaise) 1, 1848. Négatif original. 18 x 24,20 cm.

James Welling
— New Haven Clock Company, New Haven, CT, 2001. Tirage argentique.
— Sluice, Guilford, CT, 2000.Tirage argentique.
— Stairs to the Rocky Beach, Old Saybrook, CT, 2001. Tirage argentique.
— RT 81, Clinton, CT, 1999. Tirage argentique.
— Mathews Cottage, Knollwood Beach, Old Saybrook, CT, 2000. Tirage argentique.
— Barn, Tryon Farm, South Glantonbury, CT, 2002. Tirage argentique.
— Hop Brook, Tullmeadow Farm, West Simsbury, CT, 2000. Tirage argentique.
— Housatonic River, Milford, CT, 1999. Tirage argentique.
— Cemetery, East Harford, CT, 2002. Tirage argentique.
— Marsh Grass, Old Saybrook, CT, 2001. Tirage argentique.
— Locust trees, College Highway, Simsbury, CT, 2000. Tirage argentique.
— Post Office, Simsbury, CT, 2000. Tirage argentique.
— Marsh, Guilford, CT, 2000. Tirage argentique.
— Ruined Railroad Piers, Farmington River Tariffville, CT, 2001. Tirage argentique.

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