ART | CRITIQUE

Babak Ghazi

PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

En se référant largement à David Bowie, l’artiste britannique Babak Ghazi décline à la galerie Chez Valentin l’idolâtrie kitsch des années 70 et 80 qui fait aujourd’hui recette, notamment dans les divers revivals musicaux...

Pour sa première exposition personnelle en France, l’artiste britannique Babak Ghazi est accueilli par la galerie Chez Valentin. Fasciné par les figures de l’avant-garde musicale et artistique des années 70 et 80, et par l’esthétique punk-rock de cette période, Babak Ghazi a glané un certain nombre d’objets trouvés au hasard, pochettes de vinyles, magazines, ou photos de mode découpées dans des magazines comme Creative Review, à partir desquelles il produit une sorte de mémorial des années disco.

Pour les exposer, l’artiste a choisi un mode de présentation, voire de monstration, qui met en valeur les objets, les sacralise. Dans l’œuvre Heroes (2006), une photographie de la chanteuse amazone Grace Jones, elle-même corps-sculpture, découpée et collée sur un support, est placée dans une vitrine de Plexiglas, où elle surmonte la pochette d’un album de David Bowie. Au-dessus est placée une perruque métallique disco, emblème du caractère festif associé à ces années, et au sommet un micro ponctue la composition. L’ensemble évoque un autel, une châsse-reliquaire, ou, plus prosaïquement, une vitrine de musée ou de magasin.

Plus loin cette sacralisation est renforcée par une vitrine dont les parois sans tain, référence à la sculpture minimaliste, nous cachent les objets. Obligé de s’approcher pour les contempler, le spectateur ressent la distance, physique et morale, qui le maintient hors de son sujet.
Des figures aujourd’hui tutélaires de l’art ou de la culture des années 70-80 comme David Bowie, Grace Jones ou même Joseph Beuys, trouvent ainsi une forme de reconnaissance.

Isolant les objets de tout contexte extérieur, Babak Ghazi rend hommage à une esthétique musicale et artistique et à une mode vestimentaire longtemps décriées, mais qui semblent revenir au goût du jour. L’artiste souligne la force que l’image de l’individu a pu prendre à cette période d’explosion du capitalisme effréné, où l’on a vu la montée en puissance de l’individualisme et la surenchère d’une culture du paraître.

Cette idolâtrie kitsch des années 70 et 80 semble aujourd’hui faire largement recette, que ce soit dans les divers revivals musicaux (notamment disco), mais aussi dans la référence fréquente que font les artistes contemporains à cette période, dans la lignée du Pop Art, indéfiniment revu et corrigé comme détournement des valeurs contemporaines, par le biais de figures emblématiques «stars» : ce fut autrefois Marylin Monroe par Andy Warhol, c’est aujourd’hui David Bowie par Babak Ghazi.

Babak Ghazi
— Creative Review, 2005. Magazines Creative review.
— Choose life, 2006. Cubes de miroirs deux faces en Plexiglas, tee –shirts. 161 x 32 x 32 cm.
— Joseph Beuys, 2006. Cubes en Plexiglas transparent, livres, magazine. 130 x 32 x 32 cm.
— Heroes, 2006. Cubes en Plexiglas transparent, pochette de disque, perruque de guirlandes, coupures de magazine, bois, micro et porte-micro. 112 x 32 x 32 cm.
— New Order, 2006. Cube en Plexiglas noir, pochette de disque, Plexiglas transparent. 33 x 32 x 32 cm.
— Spandau Ballet, 2006. Cube de miroirs, pochette de disque. 64 x 32 x 32 cm.
— This is a Record Cover, 2006. Cube de miroirs, pochette de disque. 33 x 32 x 32 cm.
— Andy Warhol, 2006. Cube en plexiglas noir, livre. 32 x 32 x 32 cm.
— Slogans, 2006. Cube en plexiglas transparent, coupures d’impressions digitales sur papier. 32 x 32 x 32 cm.
— S.Strange in NY, 2006. Coupures de magazines. 19,5 x 19,5 cm.

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