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Aya Takano

PPierre-Évariste Douaire
@12 Jan 2008

Cette jeune artiste japonaise, collaboratrice de Takashi Murakami, chronique des adolescentes prises dans leur univers quotidien et moderne. Loin de l’image trop léchée des mangas, sa palette associe coloriage et peinture.

Après avoir été présentée sous l’aile protecteur de Murakami en juin dernier, c’est avec une exposition personnelle que revient la jeune artiste japonaise.
Entre dessin et peinture, ses personnages féminins aux membres allongés ressemblent à ces dessins de la presse féminine. Elle fabrique un archétype de la jeune fille moderne, un modèle pour toute Lolita en devenir. Émancipées ou complètement soumises à la société de consommation, des groupes de jeunes filles allongées, les bras et les jambes croisées, rêvent ou de s’ennuyent.
Malgré le groupe, malgré la multiplication des silhouettes féminines c’est toujours le même personnage féminin que l’on retrouve. Elles ont beau téléphoner, fumer ou vaquer à d’autres activités, elles restent les mêmes.

L’accrochage est un fourre tout agréable, dans lequel il est doux de fouiller. Les dessins sont mis ça et là, éparpillés dans une constellation méthodiquement étudiée pour faire vide-grenier, mais façon art contemporain. Les murs sont donc tapissés de formats et de supports tous différents, on glisse de l’un à l’autre, d’un petit papier à une toile aux dimensions plus grandes, d’un croquis en noir et blanc à un collage en couleur. Des tableaux descendent du plafond, il faut faire attention pour ne pas se cogner dedans, le tout n’est pas aérien mais fluide comme la peinture de Takano.

Le coloriage des personnages urbains et modernes de l’artiste est réalisé dans un coloris très aqueux, très dilué. Le tout paraît être fait sans effort, avec un dilettantisme effréné et répété. Les dessins semblent sortir d’une production méthodique mais sans soucis, presque machinale, sans même que l’on y pense — vous savez, comme lorque l’on téléphone et que l’on gribouille le bloc de papier juste à côté. Chez Takano, il y a le même automatisme, la même répétition, peu importe le support, la taille, du moment qu’elle reproduise ses obsessions adolescentes.

Au milieu de ce capharnaüm accueillant, à travers ces tableaux suspendus, il y a au fond, sur un mur, tout un accrochage qui tient du collage. Le papier blanc qui sert de support à l’ensemble a été au préalable découpé, des morceaux de papier pourraient ainsi flotter au vent. Les personnages, à échelle d’homme, vaquent à leurs occupations, pianotent sur l’ordinateur, et voltigent sur le drap de cellulose tendu. Au coin à droite, une jeune fille prise dans les filets d’un hamac se suspend entre les deux murs. Le tout est léger, flottant, suspendu et réussi.

Il est étonnant de remarquer que l’artiste, bien que venant de l’univers balisé du Manga, dessine des personnages asiatiques. Malgré des traits stylisés et des yeux caractéristiques, le modèle occidental est abandonné, c’est peut-être le signe d’une nouvelle génération ambitieuse et décomplexée, que ce soit vis-à-vis du modèle occidental ou de la réapropriation du passé.

Aya Takano
Sans titre, 2003. Acrylique sur toile, bois. 18 x 14 cm.
Sans titre, 2003. Acrylique sur toile, bois. 27 x 22 cm.
Sans titre, 2003. Acrylique sur toile, bois. 53 x 45 cm.
Sans titre, 2003. Acrylique sur toile, bois. 91 x 116 cm (x3).  

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