ART | EXPO

Avril

07 Oct - 30 Nov 2008
Vernissage le 11 Oct 2008

Les oeuvres de Guillaume Pinard, spécialement conçues pour Micro-Onde, sont les pièces maîtresses d’un monde perceptif complexe, donnant au titre "Avril" une multitude de sens.

Guillaume Pinard
Avril

Ne cherchez pas le sens de lecture. Ne cherchez pas la description d’un monde ni sa logique. Ne cherchez pas non plus la justification du sujet. Il n’y a pas non plus d’occasions données à la contemplation. En un mot oubliez l’exposition et tentez de pénétrer un mécanisme compulsif de la pensée qui interfère dans les modes de diffusion de l’art.

Invité il y a un an dans le cadre de l’exposition collective « Hairy tales » consacrée aux formes contemporaines de dessin, Guillaume Pinard prépare pour Micro Onde une exposition personnelle constituée de productions inédites conçues pour devenir les pièces maîtresses d’un monde perceptif complexe.

Dans ce projet, l’artiste s’emploie à contourner les pièges classiques de l’exposition qui enferment le dessin dans un système de réception établi dont les procédés d’accrochage provoquent bien souvent la réduction de sa force perspective. C’est par un système de mise à distance du spectateur, dans un processus global, que Guillaume Pinard définit les frontières de son projet « Avril » pour Micro-Onde.

Avril constitue un projet à plusieurs entrées, qui présente un ensemble de significations complémentaires pour l’artiste. La production a été avant tout motivée par l’idée de produire un remake de « April Maze », un épisode de Felix le chat, film animé des années trente.
Avril c’est aussi et surtout le mois du printemps, de l’efflorescence, des commencements. C’est le désir à l’état d’embryon qui permet l’émergence du monde. C’est la naissance de la conscience à l’état le plus originel de l’éveil, qui pourrait constituer l’état premier de l’expérience du monde que souhaite explorer Guillaume Pinard au travers de trois productions essentielles.

Avril, film d’animation

En refusant de se confronter à l’ampleur de la galerie et, plus encore, en tentant de dématérialiser complètement ses imposants volumes, Guillaume Pinard choisit de plonger les 1600 mètres cubes de cet espace dans le noir et d’en faire une boite de projection totale pour son film.

Conçue comme la pièce initiatrice du projet, « Avril » est d’abord le remake d’un vieux dessin animé où le décor se personnifie et interfère dans le déroulement narratif du film, jusqu’à provoquer un étrange climat d’inquiétude que le chat Félix ne maîtrise plus. De la même façon, dans son film, Guillaume Pinard provoque cette même impression d’étrangeté par l’application en 3D des mécanismes
élémentaires du dessin animé, et soustraie les personnages autour desquels se construit la narration.

Le paysage noir et blanc défile sous forme de séquences courtes très sommairement racontées et parfois reprises en boucle dans un souci d’activer un défilement continu. On y voit l’esquisse d’une forêt ou d’un paysage de montagne, la présence forte de l’horizon qui donne le point de repère fixe de cette navigation, identique à celui que l’on perçoit dans les jeux vidéo, sans jamais pouvoir l’atteindre.

Bientôt, le monde perspectif se diffracte et bascule dans le plan. Le spectateur pénètre au coeur du monde en couleur, celui qui se trouve sous le décor et qui constitue le coeur de la machine conçue comme une image complexe du monde des idées qui fourmillent et émergent les unes par rapport aux autres.

Par des systèmes de basculements mécaniques complexes et étourdissants, les espaces se superposent, s’annulent et se remplacent, se renvoient l’un à l’autre. Réseaux, tunnels, machines fumeuses et huilées s’activent sans vocation dans une frénésie insensée incarnée par une mécanique de la pensée volontairement complexe. De façon périphérique, mais non moins importante que le film, l’artiste produit deux autres projets spécifiques réalisés pour alimenter un second réseau de diffusion.

Un arbre, un mur, un bassin, publication, poster, éphéméride

Le projet « Un arbre, un mur, un bassin » constitue une série simple s’adaptant à toute forme de diffusion : publication, poster, éphéméride, voir diffusion presse, que l’artiste se réserve encore le temps d’activer dans sa forme la plus ajustée à l’exposition.

Etrangement en relation par son contenu, ce projet pourrait se présenter comme la suite du film ou simplement sa traduction publiée. Il n’en n’est rien. Cette nouvelle série de dessins, présentée sous forme de billets d’humeur, délivre les aventures dialoguées de trois protagonistes : un mur, un arbre et un bassin traduit de façon schématique dans une géométrie précise tirée au trait.

A chaque proposition, et en refusant la narration, les trois compères échangent de façon spirituelle sur leurs conditions d’éléments de décor du paysage urbain soumis au changement de la ville. Ces personnages semblent raconter dans leurs dialogues la même relation que le spectateur entretient avec le décor qui émerge du jeu de l’animation 3D et de la navigation.

Les scènes sont drôles, ironiques, parfois graves, et se positionnent, à la façon d’illustrations de presse, au centre de la mécanique ininterrompue de l’esprit, tout en entretenant un rapport complice et distant du film.

Le Clou sans tête, publication, Sémiose édition

En collaboration avec Sémiose édition, cette publication livre un ensemble de récits titrés « Le clou sans tête » accompagné de dessins conçus comme autant d’artifices de ce récit. Il se présente sous la forme d’un recueil de la correspondance d’un écrivain. Apparemment reclus dans une région lointaine, l’auteur se confie ou répond à des commanditaires en distillant des informations sur sa vie, l’endroit où il habite, le paysage, etc.

« Le clou sans tête » est particulièrement important pour valider une activité d’auteur que Guillaume Pinard développe depuis l’origine, en relation étroite à sa pratique du dessin. Ce projet décrit de quelle façon le dessin agit comme le révélateur d’une pratique d’écriture sous-jacente, presque inavouée, que l’artiste affirme dans un processus de travail global.

Il en résulte que chaque proposition alimente de façon significative et autonome ce processus dont les formes, l’activité qu’elles génèrent et les lieux de cette réalité sont perpétuellement rejoués, et qui revient à qualifier la pratique du dessin de Guillaume Pinard comme la manifestation d’une activité mentale insatiable.

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