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Avec Piotr Kowalski

14 Jan - 05 Fév 2011
Vernissage le 14 Jan 2011

Depuis sa disparition, Piotr Kowalski , l’un des artistes les plus importants et les plus singuliers de la deuxième moitié du XXe siècle, a été “oublié”. Cette exposition est un premier pas sur le chemin d’une reconnaissance nécessaire.

Communiqué de presse
Rodolphe Delaunay, Piotr Kowalski, Jiro Nakayama, Bettina Samson, Jun Takita
Avec Piotr Kowalski

Depuis sa disparition, Piotr Kowalski (1927-2004), l’un des artistes les plus importants et les plus singuliers de la deuxième moitié du XXe siècle, a été “oublié”, par les institutions d’art moderne et contemporain où il a pourtant souvent été exposé.

A l’initiative de Jason Karaïndros, qui a fait partie de l’atelier que le sculpteur a dirigé à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, l’Ecole Régionale des Beaux-Arts de Rouen organise une exposition qui veut être un premier pas sur le chemin d’une reconnaissance nécessaire.

D’emblée, l’idée a été de coupler la présentation de quelques oeuvres-clefs de l’artiste à celle de jeunes artistes d’aujourd’hui travaillant dans le même champ d’imagination, celui de démarches où l’attention à ce qui se libère pour la pensée dans les sciences de la nature joue un rôle prédominant.

Réunis par Jason Karaïndros, artiste et professeur de multimédia à l’Ecole de Rouen et par Jean-Christophe Bailly, auteur d’une monographie et de nombreux textes sur Kowalski, quatre jeunes artistes, donc, ont accepté de donner corps par leurs travaux à cette idée d’une continuité spéculative de l’art contemporain.

Deux d’entre eux, Jiro Nakayama et Jun Takita, ont été des élèves puis des assistants de Piotr Kowalski, dont les liens avec le Japon ont été très étroits. Les deux autres, plus jeunes (Bettina Samson et Rodolphe Delaunay), ne l’ont pas connu. Mais ce qui est en jeu, ce ne sont certes pas des influences, encore moins une famille, c’est une certaine communauté d’attitude, et la décision d’une modernité radicale.

A l’époque où l’on tentait de lancer le bateau «post-modernité», Piotr Kowalski, lui, posait la question inverse: «C’est pour quand l’art moderne?» En effet, il considérait que l’essentiel restait à faire et que si les grandes oeuvres pionnières de la modernité plastique avaient élaboré une sorte de grammaire, il restait à écrire les phrases de cette modernité.

C’est ce que sans relâche, venant de la mathématique et de l’architecture, il se sera appliqué à faire, en ayant constamment le souci de coupler sa recherche formelle à l’évolution technique: il sera ainsi l’un des premiers artistes au monde à utiliser le néon ou à intégrer l’informatique dans le mode d’existence de l’oeuvre.

L’extrême diversité des matériaux qu’il a employés, de la paille ou du sable aux gaz rares et au laser, comme l’amplitude de la gamme des échelles auxquelles il a recouru (du portatif au monumental), au lieu de disperser le sens de son oeuvre, en resserrent l’unité programmatique: chaque oeuvre devait d’abord être pour lui, disaitil, une «machine à faire des vierges», une proposition spatiale réenclenchant l’étonnement.

Trois pièces seront présentées à l’exposition. La Machine pseudo-didactique (1961-1965), qui est réellement une machine, a valeur de manifeste. En effet, se présentant comme une sorte de table sur laquelle une peau élastique animée est tendue, elle donne à voir l’évolution constante d’une matière visqueuse installée sur cette surface mobile: c’est donc à une formation sans fin que l’on assiste, l’oeuvre se présentant comme toujours à venir et jamais n’advenant.

Par rapport à cette formation des formes, les Shrunken pièces (1979, du verbe shrink, se contracter, rétrécir) sont des formes formées. Elles sont obtenues par la dépression naturelle de la cire contenue dans un volume géométrique simple (cube, cylindre, sphère). Le modèle en est la feuille d’eucalyptus qui se contracte, le résultat (empreinte négative ou positive) une énigme formelle et une singularité.

Enfin la Flèche de sable (1979), pièce portative et éphémère, ironique et magique –obtenue par du sable versé délicatement dans un moule fendu en forme de flèche et déposée comme trace sur n’importe quelle surface– transformera la galerie en un jeu de piste secret.

En se basant sur ses connaissances de la science contemporaine, qui étaient grandes, ce que Kowalski avait retrouvé, c’était une poétique, c’était une façon d’exalter cet «aspect romanticopoétique» des sciences que Novalis avait pointé en son temps.

Les quatre jeunes artistes présents à ses côtés dans cette exposition sont avec lui sur ce versant, chacun à leur manière.

Jiro Nakayama (né en 1961 à Tokyo) ne cherche pas à faire exister des oeuvres mais à créer des dispositifs de lecture des phénomènes naturels présents dans l’espace qui nous entoure et auxquels nous ne prêtons pas attention. Les ondes et les poussières sont ses principaux “témoins”. A Rouen il montrera trois pièces. La phase (1993): deux ventilateurs placés face à face, tournant en sens inverse, et dont l’ombre portée, stationnaire, efface le mouvement. Poussière, une pièce de 2006, un dispositif d’observation optique de la constellation mobile des poussières en suspension dans l’espace. Et Vide (2010), un cube de verre jouxté à une pompe à air, et contenant du vide.

Jun Takita (né en 1966 à Tokyo) travaille avant tout sur le vivant. La photosynthèse, d’une part, et les phénomènes de bioluminescence réservés à de rares espèces que nous connaissons bien (lucioles, vers luisants), d’autre part, sont les phénomènes qu’il explore, à des échelles variées, qui vont de l’objet de laboratoire au jardin. Light, only light est sans doute le plus étonnant de ses travaux: il s’agit d’une reconstitution en résine du cerveau de l’artiste, qui a été recouverte d’une mousse génétiquement modifiée sur laquelle est projetée une solution de luciférine: le cerveau devient émetteur de lumière. A Rouen, ce sont des photos récentes de cet objet, obtenues à certaines conditions, qui seront exposées, ainsi qu’une pièce plus ancienne, Conversion de l’énergie (1991) qui porte, elle, sur une manipulation de la photosynthèse.

Bettina Samson (née en 1978 à Paris) agit dans deux directions principales: la mémoire des utopies et l’expérimentation scientifique. Les deux pièces présentées à l’exposition ont trait à la physique. Les deux tirages intitulés Nuclear Dust #1 et #2 (2009) ressemblent à des constellations, mais ce sont des photos prises sans lumière, le résultat de l’exposition de films au rayonnement issu de la poussière de pechblende. Quant à la Première photographie du spectre solaire altérée par le temps et sous la forme rêvée d’un carottage (2009 également), elle se présente comme un cylindre d’un diamètre de 20cm et long de 2 mètres qui, posé sur des tréteaux, évoque l’idée, quelque peu vertigineuse, d’une généalogie
de la lumière.

Rodolphe Delaunay (né en 1984 à Rouen), le plus jeune des artistes présentés, est celui qui travaille au contact d’états de science plus anciens, inscrits dans l’histoire par des objets qu’il reconvertit et dont il extrait la résonance poétique, en écho à celle de l’univers. Cyclope panoramic (2010) est une boule de cristal traversée par un judas optique. Télescope (2009) emboutit de façon très étrange un télescope dans un énorme silex. Et Promenade au clair de lune (2009) fait passer la sonate de Beethoven (enregistrée sur un 33 tours vinyle) sur un tourne-disques réglé sur un moteur de télescope, soit à 1 tour par jour: le mouvement, comme la musique, deviennent imperceptibles, mais sont projetés dans une dimension cosmique.

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