DANSE | SPECTACLE

Ash

16 Fév - 01 Mar 2019

Expérience chorégraphique, spirituelle et sensible, avec Ash, Aurélien Bory signe un solo chorégraphique pour la danseuse virtuose Shantala Shivalingappa. Histoire de cendres, de volutes, de mort et de renaissance, Ash entrelace les influences, de la danse kuchipudi à Pina Bausch.

Avec Ash (2018), le chorégraphe Aurélien Bory (Cie 111) signe un solo pour la danseuse Shantala Shivalingappa. Pièce spirituelle et sensuelle, Ash (graphie : aSH) joue sur les mots et les coïncidences. Mêlant la cendre (ash) aux initiales inversées de Shantala Shivalingappa. Danseuse indienne, Aurélien Bory et Shantala Shivalingappa se sont rencontrés en 2008, à Düsseldorf, dans le cadre des « Drei Wochen mit Pina » [Trois semaines avec Pina]. Shantala Shivalingappa y dansait dans la pièce Nefes, de Pina Bausch. Cette même année, Aurélien Bory initie un triptyque chorégraphique en forme de portraits de femmes. Celui de Stéphanie Fuster pour Questcequetudeviens? (2008) ; celui de Kaori Ito pour Plexus (2012). Dernier opus, Ash, pour Shantala Shivalingappa, signe une fin en forme de renouveau. Matière à la symbolique forte, sinon sacrée, la cendre évoque autant la mort, la dispersion, que la renaissance. Et solo hanté, Ash cultive une beauté magnétique.

Ash d’Aurélien Bory : solo chorégraphique pour la danseuse Shantala Shivalingappa

Sur scène, la danseuse Shantala Shivalingappa est accompagnée du percussionniste Loïc Schild. Jeu de motifs, textures et lumières, dans la chaleur dorée la danse produit ainsi des signes. Rosaces et tracés composent des paysages de cendres, mouvants. Aussi fluctuants que Shiva — dieu de la danse à la peau bleue et aux mille noms. Divinité aux contours englobants, Shiva rejoint Dionysos dans les mythologies indo-européennes. Avec un point de rencontre (de syncrétisme) à Tyr, ville du Liban actuel. Dieu errant, venu de l’Asie, Dionysos danse et envoûte. Habitée par cette énergie du mouvement, Shantala Shivalingappa dessine par son corps des motifs hypnotiques. Choré-graphie au sens littéral (dessin du mouvement), Ash développe ainsi une expérience cyclique. De destruction et recréation. Comme celle qui régit la pensée hindoue structurée autour de la réincarnation. Danseuse fille de danseuse (Savitry Nair), avec Ash Shantala Shivalingappa compose une continuité dépassant le fragmentaire.

La cendre, de la mort à la renaissance : une danse à la croisée des chemins et influences

Si la répétition signe la réincarnation, c’est aussi dans une dynamique d’amélioration. Tout du moins de changement — chaque cycle développant ainsi sa propre logique. Pièce intimement liée à la danseuse Shantala Shivalingappa, Ash conjugue les influences. Celles de la danse kuchipudi et celles de la danse de Pina Bausch, notamment. Née à Madras (capitale de l’État du Tamil Nadu, renommée Chennai), Shantala Shivalingappa a grandi à Paris. C’est à la danse kuchipudi qu’elle se consacre initialement. Soit une danse originaire de l’État de l’Andhra Pradesh, dont Chennai n’est éloignée que de quelques dizaines de kilomètres. Excellant dans sa pratique, Shantala Shivalingappa a dansé sur les scènes du monde entier. Tout en multipliant les croisements d’expérience avec différents chorégraphes et metteurs en scène contemporains. Maurice Béjart, Peter Brook, Bartabas, Pina Bausch, Ushio Amagatsu, Sidi Larbi Cherkaoui, Irina Brook… Et Aurélien Bory, qui lui a ainsi consacré sa pièce Ash.

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