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Au fond.

PCarine Pouvreau
@12 Jan 2008

A la galerie Claudine Papillon, les œuvres de Gaëlle Chotard, réalisées en tricot et crochet, sont ouvertes sur un espace mental, en apesanteur, imaginé et scénographié par l’artiste, délicat et aérien, autant qu’étrange et torturé.

Au seuil de l’exposition, une série de dessins à la plume et à l’encre argentée sont comme des paysages mentaux, ou des tests de psychologie projective.
Une petite sculpture, de forme mystérieuse et étrange, à la structure rhizomatique et tubulaire, est suspendue par plusieurs fils dans un équilibre travaillé. L’artiste confie que cette sculpture a été pensée à la fois comme un zoom en profondeur et un point final mis à ce voyage de l’inconscient proposé par les œuvres.

Un rideau noir ouvre sur un espace plongé dans l’obscurité où six formes originelles graciles, en suspension, tenues par plusieurs fils se balancent ostensiblement au gré du déplacement de l’air. Le travail de l’artiste est minutieux et précis. Ces petites formes organiques constituées de mailles ajourées, blanc bleutées, sorte de tubulures de fils métalliques, d’excroissances et protubérances scintillantes teintées d’érotisme, sont réalisées dans une technique mixte de tricot, de crochet, et d’inclusion de grillage métallique très fin, à l’aide notamment d’outils spécifiques inventés par l’artiste.

Pour chacune des sculptures, une petite lampe diode électroluminescente, qui génère une lumière blanche puissante, projette sur les murs blancs une image agrandie, un double fantomatique de ces formes étranges. Ce dispositif met en valeur les détails de chacune des sculptures intrigantes et légères et donne l’impression d’un théâtre d’ombres aux formes mystérieuses.

Deux petites pièces attenantes à l’espace principal proposent de nouvelles expériences. La première, toute en rondeurs, accueille une autre sculpture, suspendue par un seul fil, qui tourne sur elle-même dans une sorte de ballet hypnotique et obsédant. L’espace est envahi par l’image projetée de la forme tournoyante, d’une couleur sanguine et délicate, obtenue grâce à une diode rouge.
Cette mise en scène est pensée par Gaëlle Chotard comme une introspection organique, un voyage dans les entrailles de la forme, une vision intérieure. La petite pièce rouge tranche avec la lumière bleutée de la grande salle principale, et marque l’ambiance chaud/froid de l’ensemble.

Dans la deuxième petite pièce, une installation composée d’une vidéo très courte, projetée en boucle, et d’une racine tricotée très serrée en fil de coton noir, propose une réflexion sur la profondeur. La vidéo montre une femme de dos portant un enfant, et qui marche dans la nature en donnant l’impression de s’enfoncer dans la terre. La racine, accrochée contre le mur blanc avec ses ramifications inversées, est là pour accentuer la référence au voyage intérieur mental.

Gaëlle Chotard dans cette exposition nous convie à un voyage poétique et psychanalytique. L’œuvre fantasmatique, minutieuse et précise de Gaëlle Chotard met en scène et en mouvement subtil des cristallisations de l’inconscient, formes étranges et organiques qui oscillent entre la fragilité, la complexité et l’érotisme.

Gaëlle Chotard
— Au fond I, 2007. Maille, fil métallique, coton, polyester, diode. 19 x 8 cm.
— Au fond II, 2007. Maille, fil métallique, coton, polyester, diode. 28 x 10 cm.
— Au fond III, 2007. Maille, fil métallique, coton, polyester, diode. 16 x 7 cm.
— Au fond IV, 2006. Maille, fil métallique, coton, polyester, diode. 28 x 13 cm.
— Au fond V, 2006. Maille, fil métallique, coton, polyester, diode. 26 x 7 cm.
— Au fond VI, 2007. Maille, fil métallique, coton, polyester, diode. 23 x 5,5 cm.
— Au fond rouge, 2007. Maille fil métallique, coton, polyester, diode. 15 x 10 x 11 cm.
— Troubles, 2005, Installation, fil de coton, vidéo projection. 90 x 50 cm.

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