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Artistes sans oeuvres

Artistes sans oeuvres, essai-météorite qui fit date lors de sa parution en 1997, fait l’éloge a priori paradoxal d’un art qui n’existe qu’en creux, de créateurs qui n’en sont qu’à peine, comme autant d’avatard plus ou moins volontaires du fameux Bartleby.

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Présentation
Jean-Yves Jouannais
Artistes sans oeuvres

Jean-Yves Jouannais révèle des trajectoires méconnues, virtuelles, inabouties ou abandonnées, et leur ombre portée dans les marges de la littérature. Et s’autorise même quelque détour par la fiction à propos d’un certain Félicien Marboeuf. Tant et si bien que cet assemblage de non-oeuvres finit par dessiner un panorama érudit et désinvolte qui remet insidieusement en cause toutes nos certitudes esthétiques.

« Combien de songes, de systèmes de pensée, d’intuitions et de phrases véritablement neuves ont échappé à l’écrit? Combien d’intelligences sint-elles demeurées libres, simplement attachées à nourri et embellir une vie, sans fréquenter jamais le projet de l’asservissement à une stratégie de reconnaissance, de publicité et de production? Nombre de créateurs ont opté pour la non-création, ou plus précisément, peu séduits par l’idée d’avoir à donner des preuves de leur statut d’artiste, se sont contentés d’assumer celui-ci, de le vivre pour eux-mêmes, pour leur entourage, soit dans le pur éther conceptuel, soit dans l’esthétique vécue et partagée du quotidien, laquelle esthétique rassemble le geste dandy, la dérive situationniste, l’infini éventail des poésies non écrites, l’apparente gratuité des congrès de banalyse, ou encore l’activisme des disciples d’Antisthène, le silence de Marcel Duchamp, l’art sans objet de Vaché, les romans inécrits de Félicien Marboeuf, le musée des Obsessions de Harald Szeemann, l’écriture introvertie de Joseph Joubert… »

« Cette constellation de créateurs sans production à visée muséale, de penseurs sans corpus, ensemble d’étoiles qui ne se sont jamais donné les moyens de briller, s’avère donc a priori invisible. »L’auteur, dans son oeuvre, doit être (…) présent partout, et visible nulle part », énonçait Flaubert. C’est l’inverse qui nous intéressera en ces pages: que l’oeuvre, chez son auteur, soit présente partout, et visible nulle part. »

Jean-Yves Jouannais