ART | CRITIQUE

Around the Gallery

PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

Pour l’avant-dernière exposition de la saison, la galerie Jousse Entreprise présente une sélection d’œuvres d’artistes qu’elle représente, en mettant l’accent sur la photographie. Une vidéaste et deux sculpteurs ont également été invités pour donner un aperçu intéressant des enjeux esthétiques actuels.

Grâce à cette exposition, la galerie Jousse Entreprise affirme avec force les choix qu’elle a engagés ces dernières années, et qui relèvent d’une conception pointue des pratiques artistiques contemporaines. Invitant pour l’occasion deux artistes non représentés par la galerie, Michaël Ashkin et Clément Borderie, Jousse Entreprise permet là de cerner les démarches esthétiques soutenues.

La photographie est très présente, non seulement comme médium de «plasticien», mais également dans son aspect plus traditionnel d’image répondant à des critères esthétiques.
Franck Perrin présente quatre exemplaires de ses Camel Toes: ces vues de bassins féminins moulés évoquent en effet la forme de pieds de chameau, et ont pour intérêt de montrer l’ambivalence des formes que permet de révéler la photographie, médium «objectif».
Clarisse Hahn, avec deux exemples de sa série Boyzone Adolescence (2006) aborde un aspect plus documentaire du même médium, en scrutant les visages de condamnés. Le travail de portraitiste de Timur Çelikdag est tout aussi remarquable: ses photographies noir et blanc de l’homme de la rue stanbouliote, datées de 2002, montrent l’affirmation d’une masculinité fière et liée au pouvoir de l’argent et à des valeurs exclusivement masculines.
Autre continent, autre système de valeurs, Richard Kern photographie quant à lui des jeunes filles new-yorkaises exposant sans retenue une sexualité libre et facile, dans une esthétique assez proche du «dirty glam» favorisé un temps par les magazines de mode, tandis que Philippe Meste joue la carte d’une provocation assez convenue avec ses Aquarelles (1995-1997), qui sont en réalité des pages de magazines de mode tâchées (sic) de sperme. Il présente également un Robot-radio-vidéo-télécommandé (2006) qui se déplace à distance grâce à une vidéo: d’une certaine manière, l’artiste aborde ici aussi le thème d’un voyeurisme actif.

Ariane Michel, nouvellement incluse dans l’équipe de la galerie, s’intéresse à la part de l’animal en l’homme, à sa place dans l’environnement et au rapport nature/culture: la vidéo Les Yeux ronds (2006) montre une chouette aux yeux grands ouverts sur les lumières de la ville, la tête tournant au rythme du ballet des voitures sur la place de la Concorde.

Par ailleurs, deux artistes explorant les enjeux de la sculpture ont été invités: Michaël Ashkin présente une Sculpture-maquette (1996) d’un paysage, et Clément Borderie, un bloc de sel sculpté par une langue de vache, intitulé La Maison blanche, clin d’œil à la part de hasard préfigurant à la formation de l’œuvre d’art, et à la conception michelangesque de la sculpture comme forme déjà contenue dans la matière et retrouvée par l’artiste.

Julien Prévieux
— Faq, Sexual Deviation, 2007. Acrylique sur toile. 75 x 90 cm.

Richard Kern
— Mi In Staircase, 1996. Photo couleur. Cibachrome. 41 x 51 cm.

Philippe Meste
— Aquarelle, 1995-2000. Pages de magazine, taches de sperme. 40 x 30 cm.

Ariane Michel
— Les Yeux Ronds, 2006. Vidéo. 4’30.

Timur Çelikdag
— Istanbul, 2002. Print. 58 x 47,5 cm.

Clarisse Hahn
— Boyzone Adolescence, 2006. Série de 4 photographies. Photographie noir et blanc. 100 x 80 cm.

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