DANSE | SPECTACLE

Artdanthé | touching.just

06 Avr - 06 Avr 2019

Dans l'herbier des interactions humaines, il y a quantité de variétés. Y compris des contacts relevant de l’absurde, de l’inconfort, ou de ce que les britanniques qualifient d'awkward. Entre humour et étrangeté, le duo chorégrahique touching.just d'Aris Papadopoulos et Martha Pasakopoulou explore cette bizarrerie.

Survêtements en nylon vert vif et bleu électrique, short et legging multicolores… Avec touching.just (2017), quelque chose des années 1980 revient en force. Et sur scène, deux performers déploient une danse de rythmes et d’absurde. Créé par les chorégraphes et danseurs grecs Aris Papadopoulos et Martha Pasakopoulou (Cie Arisandmartha), touching.just prend la tangente du glamour pour livrer un duo décalé, où deux corps se cherchent et se trouvent. Mais avec un humour qui, plutôt que de faire ressortir le trouble des échanges sensuels, souligne leur flottement. En anglais, il existe un terme adéquat pour décrire ce type de sensation : awkward. Mélange de maladresse, de décalage, de gêne et d’absurde plutôt comique, voire de loufoquerie assumée, awkward n’a pas d’équivalent français. Jeu rythmique vaguement loufoque, touching.just transcrit bien cette sensation. Tandis que, comme dans un antique jeu vidéo, les deux personnages se déplacent, se croisent, se touchent.

touching.just d’Aris Papadopoulos et Martha Pasakopoulou : un duo absurde et rythmé

À la base de cette improbable chorégraphie : un protocole. À savoir celui d’une transcription d’éléments visuels en mouvements. Partant d’éléments graphiques présentés sur papier (volumes, points, séquences de nombres…), Aris Papadopoulos et Martha Pasakopoulou ont composé la trame de touching.just. Un mélange d’improvisation et de transcription, assez absurde, où le graphique devient gestes et rythmes. Sans narration établie, composant la pièce en fonction de ces partitions visuelles, touching.just déploie une étrange histoire de corps en mouvement. Tandis que Martha Pasakopoulou vient de la chimie, et Aris Papadopoulos de l’architecture, la performance oscille entre mouvements sans conscience et physicalité brute. Pour autant, la pièce ne puise pas dans la chimie ou l’architecture pour aller démontrer quoi que ce soit. Mais il est probable que les paradigmes de la chimie et de l’architecture irriguent le rapport au rythme et à l’espace des deux chorégraphes.

touching.just (sélection Aerowaves 2018) : le contact, du graphique au chorégraphique

Mélange de rythmes et d’absurde, Aris Papadopoulos et Martha Pasakopoulou composent ainsi une pièce très expressive. Même si, paradoxalement, hermétique quant à ses significations. Se déplaçant à l’encontre de toute prévisibilité, les deux personnages tentent parfois d’interagir et de se connecter. Faisant alors émerger des moments d’inconfort : de l’awkward. Peut-être parce que la logique d’interaction de ces deux danseurs va à l’encontre des attentes. Les cartes sont brouillées quant à savoir si les contacts sont volontaires ou induits par la logique des partitions visuelles. Et l’ambiguïté flotte autour de la nature de leurs contacts. Chorégraphes et spectacle faisant partie de la sélection 2018 d’Aerowaves, touching.just a la fraîcheur de la danse la plus contemporaine. Pour rappel, Aerowaves est une sorte de pépinière européenne de danse contemporaine, qui chaque année soutient vingt projets chorégraphiques. Performance drôle et expérimentale, touching.just pourra être découverte en première française lors du festival Artdanthé 2019.

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