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Arearevue)s( n° 17. Massacre Art Jeu

Le dernier numéro de la revue Arearevue)s( est consacré à l’art comme jeu... et comme jeu de massacre. Avec des évocations de Présence Panchounette, Bridget Riley, Fernando Arrabal, Space Invader, Michel Journiac, Anish Kapoor ou Robert Filliou.

Information

Présentation
Directeur de la publication : Alin Avila
Arearevue)s( n° 17. Massacre Art Jeu

Editorial

« »Comment concilier l’absurde de la vie ? En vivant absurdement, sans doute. » R. Queneau. L’eusses-tu cru ?

En 1564, Girolamo Cardano, écrivain, philosophe, mathématicien, médecin, joueur, est l’auteur d’un traité sur le jeu : le Liber de ludo aleae qui ébauche une théorie des probabilités. Les expériences aléatoires se jouent des statistiques et des probabilités.

L’enfant grandit dans le jeu. L’adulte n’est grand que dans le jeu.

« C’est pour rire », s’exclame l’enfant qui, tout à coup, a peur. Le jeu de « cache-cache », l’un se cache, l’autre cherche. Initiation à la disparition. Première initiation à la mort.

« Je mets tout sur le rouge, et voilà que, brusquement, je reviens à moi et suis pris de terreur. Mais ce sentiment s’effaça vite et ne réapparut plus. Je comprenais tout ce que je risquais à perdre : tout, ma vie… ». Dostoïevski.

Le joueur dont l’échelle de vie est courte,    joue avec le hasard, à l’échelle d’une infinité d’expériences : plus il jouera longtemps, plus il pensera obtenir autant de piles que de faces, de jours que de nuits.

Le jeu : lieu de la toute puissance d’une valeur d’échange. Plus que réelle, lumineuse et magique, le jeu change la vie.

Cocher pour défier le hasard : Loto, Tac-O-Tac, Tapis Vert, Keno, Banco, Black Jack, Surf, Morpion, Solitaire, Goa…

100 % de gagnants potentiels face à l’imprévisible. L’incitation au jeu vaut comme une tautologie tous les gagnants ont joué mais tous les vivants mourront, il n’y a pas de martingale.

Mais si, le jeu, distraction intemporelle et antidote à l’ennui : jouer sa vie, faire de sa vie un jeu. Le hasard, maîtresse infidèle !

Plus tu joues longtemps plus tu es sûr d’obtenir autant de piles que de faces de jours que de nuits ! Je parie donc je suis.

Illusion du libre arbitre… Vanité reconduite de partie en partie.

D’autant que chacun peut s’offrir un avatar. Ready-made de soi-même super héros du musée Grévin mondial.

A force de dire que l’art est un jeu, il en a pris toutes les qualités. Celles de la tricherie ? De la vantardise, de la maladresse et du bluff…

Mais étonner, éduquer, deviner, être figure forte face à l’histoire l’art comme le jeu opère d’une même conscience. Peut-être d’un même arbre mais pas le même fruit.

L’un et l’autre réinventent le monde. De ces deux folies, le joueur va au bout de lui-même dans la seule intention de se perdre. L’artiste, avec l’illusion de rencontrer le monde et les autres.

Quand l’artiste rencontre le jeu, il perçoit l’avant-goût du massacre.»