LIVRES

Apocrifu

Communiqué de presse
Sidi Larbi Cherkaoui
Apocrifu

Horaire : 20h

— Danse, chorégraphie : Sidi Larbi Cherkaoui
— Danse : Dimitri Jourde, Yasuyuki Shuto
— Scénographie : Herman Sorgeloos
— Costumes : Dries Van Noten
— Lumières : Luc Schaltin

Sidi Larbi Cherkaoui, chorégraphe belge et figure majeure de la danse contemporaine, s’associe au groupe vocal corse A Filetta, connu pour ses belles interprétations de chants polyphoniques traditionnels, dans ce spectacle qui met en scène la puissance des écrits religieux et leur dangereuse fascination.

En effet, ce sont des livres qui occupent l’espace scénique, sorte de bibliothèque mondiale où gisent des ouvrages écrits dans tant de langues. À côté d’un grand escalier évoquant la tour de Babel ou l’échelle de Jacob, ces volumes sont presque des personnages à part entière, à l’égal des sept chanteurs corses habillés de noir ou des deux danseurs qui s’associent à Sidi Larbi Cherkaoui lui-même, pour interpréter des solos, des duos et des trios.

Yasuyuki Shuto, qui s’est formé au ballet de Tokyo, a également fait partie de la troupe de Béjart, tandis que Dimitri Jourde est issu du monde du cirque. Avec Sidi Larbi Cherkaoui, ils inventent ainsi des figures inouïes, formant avec leurs têtes collées et leurs corps enchâssés des organismes composites qui ressemblent parfois à une toupie humaine. Tantôt, l’un d’eux danse un combat singulier ou un corps-à-corps avec un écrit : un exemplaire du Coran, par exemple, qu’il garde ouvert entre ses doigts et qui s’abat brutalement sur son visage, lui occultant la vue. Tantôt, au contraire, les danseurs semblent ne faire plus qu’un, lisant ensemble avec six bras, comme une divinité orientale.

Il arrive aussi que les trois danseurs emportent dans leurs mouvements un mannequin de bois qui reposait là, comme endormi. « On lui insuffle la vie mais il nous repousse », raconte Sidi Larbi Cherkaoui, qui dit adorer les marionnettes, symboles de « l’innocence absolue ». Comme ce pantin qui semble diriger les vivants, les livres aussi sont une matière morte sur le point de ressusciter pour exercer leur pouvoir. Car l’écrit — qu’il s’agisse de la Bible ou du Coran — « a ce pouvoir de nous aveugler, de nous autoriser à condamner, à rejeter », affirme Sidi Larbi Cherkaoui. Ou peut-être est-ce l’écriture sainte elle-même qui, comme le suggère le titre du spectacle (Apocrifu), se constitue à partir de tels rejets : « Les apocryphes, ce sont les évangiles qui ont été rejetés par l’Église. Pour moi, c’est le symbole de tout ce qui est rejeté. J’ai voulu créer une danse, une sorte de communauté homéopathique où tout a sa place, où il n’y a pas de déchets. » Cette communauté qui cherche difficilement sa voie vers une foi plus hospitalière est portée par le chant. Un chant qui fait résonner, dans la pureté de l’interprétation de A Filetta, aussi bien des fragments de la liturgie que des textes écrits pour l’occasion en langue corse.