ART | CRITIQUE

Apocalypse on the horizon

PMaxime Thieffine
@12 Jan 2008

Michael Roy propose une exposition marquée du sceau d’un regard détaché sur toute chose qui en devient presque indifférent à force de flegme pour une fin du monde, si elle a réellement lieu comme l’annonce le titre «Apocalypse on the horizon», nonchalante et indolente.

Dans une série de sept portraits sans titre de jeunes hommes dessinés sur un fond noir, tous, sauf un, dirigent leur regard vers le spectateur. Ils ont tantôt l’air un peu mélancolique, tantôt ils nous toisent vaguement, leurs mines s’accordant dans une quasi-neutralité des expressions.

Deux autres dessins sont accrochés ensemble. Le premier (Sans titre, 2007) présente un plan en contre-plongée d’une maison en hauteur que barrent des fils électriques. Le vocabulaire de la photographie s’impose tant ces dessins semblent avoir été effectués à partir de clichés de la vie quotidienne et personnelle de l’artiste, d’éléments autobiographiques.
Le second dessin, évoque, quant à lui, un jeune homme en mouvement entouré de deux formes humaines comme floutées. La première forme semble reprendre la position précédente du personnage, et la seconde, anticiper sa prochaine position.
En outre, nouveau jeu sur les médiums, une photographie, ressemblant au premier abord à un dessin à cause de ses forts contrastes, présente sous un aspect irréel une plage où l’on distingue de très loin quatre personnages.

Les montages, mixages, jeux de médiums et d’images se retrouvent dans deux affiches. Sur la première, les mots «Apocalypse on the horizon» sont composés de lettres découpées dans une autre affiche, tandis que dans la seconde cette phrase se détache en lettres colorées au carbone : “This is the story of that day and of 6 men and women who lived to tell of it”.

Cette exposition composite propose enfin deux vidéos également composites, mais présentant toutes deux des scènes anodines, séparées par un fondu au noir, et soutenues par une musique calme et monotone.
Le montage consistant en un collage d’images d’origines parfois diverses est ici encore la règle. Dans Forest Knoll Drive et dans Remember Last Summer Part 2, certains plans sont des photographies sur lesquelles des effet de zoom mêlent la photo à la vidéo.
Les images sont pour la plupart issues de univers balnéaire, entre les formes de l’autobiographie et l’esthétique des films de vacances. Michael Roy utilise abondamment le ralenti et le zoom, et joue amplement avec la fixité de la caméra, le flou des images, et, de façon apparemment involontaire, avec l’exposition.
La (fausse) absence de travail des images, les couleurs pâles, les images muettes et l’amateurisme des plans provoquent un certain engourdissement du regard. Comme si les images sortaient d’un rêve et nous plongeaient dans un curieux état de fatigue, voire de malaise.

Michael Roy
Sans titre, 2006-2007. Dessin au carbone sur papier. 50 x 65 cm
Remember Last Summer Part 2, 2004-2007. Video. 30 min
Forest Knoll Drive, 2006, video. 20 min
Sans titre, 2007. Dessin au carbone sur papier. 195 x 153 cm
Sans titre, 2007. Dessin au carbone sur papier. 188 x 143 cm
Sans titre, 2007. Dessin sur papier. 35,5 x 50 cm
Sans titre, 2007. Impression numérique sur papier photo. 100 x 75,5 cm
Sans titre, 2007. Dessin au carbone sur carton. 31 x 26,5 cm (x7)

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