LIVRES

Anecdote

Claire de Ribaupierre dirige ce petit ouvrage sur l’anecdote, mode de narration envisagé de manière théorique, et replacé dans le contexte de l’art contemporain.

Information

Présentation
Sous la direction de Claire de Ribaupierre
Anecdote

L’anecdote est une forme marginalisée, une forme simple, souvent méprisée. Relevant de la culture des rues et non de celle des espaces protégés du savoir, l’anecdote est une langue mineure, pourrait-on dire avec Deleuze, au potentiel révolutionnaire. Il ne s’agit pas ici de raconter des histoires, mais d’envisager l’anecdote comme question théorique et objet qui engage un sens et une relation à l’autre. Placée dans le contexte de l’art contemporain, nous la découvrons à l’œuvre dans les travaux de certains artistes et auteurs, aujourd’hui.

On retrouve dans cet ouvrage des contributions de Jean-Philippe Antoine, JeanChristophe Bailly, Christophe Fiat, Christine Lopostolle, Claire de Ribaupierre, Shimabuku et Tino Sehgal.

Extrait de « Déchirer la vie : les stratégies de l’anecdote », de Claire de Ribaupierre
«L’anecdote est un récit qui survient après coup, qui interprète le réel et délivre un sens, un secret. Collection de sensations, d’affects, de réflexions, d’images, elle est élaborée et travaillée par la langue qui soigne sa chute, prépare son achèvement comme un choc, de sorte qu’elle s’inscrit alors sans peine — avec fulgurance, et pour longtemps — dans la mémoire.
L’anecdote est une parole archaïque qui réunit les hommes autour du feu, autour d’un repas. Elle est conviviale, elle crée des liens, elle circule. Brève et exemplaire, elle ponctue la langue du philosophe qui en use pour révéler la complexité d’une pensée ; elle est un «savoir-dire», une théorie en action, une mnémotechnique. Elle intervient à un moment clé du discours, dans un contexte spécifique.
L’anecdote développe un lien étroit avec les images ; dans les œuvres contemporaines, on voit parfois le récit ou la parole prendre la place de l’image et exister en tant qu’objets indépendants. Elle reconstruit le réel, elle le scénarise. L’anecdote participe de l’acte performatif : elle est une voix, un corps, une action.»