ART | CRITIQUE

Anatomy

20 Oct - 19 Nov 2011
PAxel Sourisseau
@09 Déc 2011

Nick Van Woert joue sur les formes, déconstruit la sculpture antique et détourne les matériaux industriels: l’homme devenant producteur d’une beauté ambivalente et dangereuse que l’artiste enferme dans des boîtes à travers lesquelles on peut les contempler.

La filiation de Nick Van Woert à l’art minimal et l’Arte Povera est évidente: des statues sont disloquées sur quelques plateformes surélevées, et de longues boîtes en plexiglas renferment des matières calcaires parfois de prime abord incongrues.

Mais Nick Van Woert n’est pas seulement l’héritier d’artistes comme Giuseppe Penone ou Pino Pascali: les bustes antiques en morceaux ne suivent pas le jeu du faux vestige. Creuses, elles sont elles-mêmes des produits industriels, parfois recouvertes d’étranges concrétions minérales. Les sculptures semblent en partie dissoutes, attaquées par un quelconque acide.

Not Yet Titled 2 (B&W boxes) explore d’ailleurs la densité des matières, et les parois de plexiglas de l’œuvre laissent apparaître tantôt du Coca-Cola comme congelé, des produits gélatineux et fondus, tandis que plus haut le sel de table revêt l’apparence d’un sable fin inatteignable. La superposition des différentes matières explore le principe de sédimentation, et les déchets deviennent de vraisemblables couches géologiques.

Tout le propos de l’exposition se révèle alors: nos déchets deviennent un paysage, le toxique est minéral, le chimique aquatique, et l’homme devient producteur d’une beauté ambivalente et dangereuse que l’artiste renferme dans des boîtes à travers lesquelles le visiteur, rassuré, peut les contempler.

Les débris antiques témoignent quant à eux du basculement contemporain, de façon quasi-manichéenne afin de souligner le propos : les anciens reproduisaient une beauté humaine, l’art était corps. Désormais, l’artiste recompose un équilibre esthétique en travestissant des objets de récupération et des boissons de grande consommation. Anatomy désigne alors moins des chairs, des muscles et des proportions, que les différentes strates d’une industrie dont les organes sont les substances mêmes des produits qu’elle s’enrage à promouvoir puis distribuer au consommateur.

Å’UVRES
— Nick van Woert, Not Yet Titled 1, 2011. Morceaux de statue en fibre de verre, acier, uréthane, résidus de charbon, plexiglass. 365.8 x 244.5 x 101,6 cm.
— Nick van Woert, Not Yet Titled 2 (b&w boxes), 2011. Asphalte, résidus de charbon, Huile Breath-O-Pine, bois calciné, Coca-Cola, béton, fibre de verre, Poudre de lave-vaisselle en pastilles, larmes de verre, gel à cheveux, litière, copeaux métalliques, enduit, plexiglass, bloc de savon, sel, détergent en poudre, uréthane, argile blanc. 12.7 x 12.7 x 121.9 cm pour chacune des 20 boîtes en plexiglass, 139,7 x 1257,3 x 1714,5 cm au total pour la plateforme en L.
— Nick van Woert, Not Yet Titled 9 (colored skeleton), 2011. Squelette en plastique, uréthane. 111,8 x 165,1 x 50,8 cm
— Nick van Woert, Surveyor, 2011. Résidus de charbon, statue en fibre de verre, acier, corde, uréthane. 238,8 x 81,3 x 78,7 cm (pour la pièce en acier), 121,9 x 68,6 x 50,8 cm (pour la statue).

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