ART | EXPO

Anagrammes plastiques

23 Nov - 19 Jan 2013
Vernissage le 22 Nov 2012

Les œuvres de Mohamed Lekleti représentent des hommes, des femmes et des objets, au premier regard on retiendra un graphisme à la fois précis, virtuose, énergique et même décoiffant, au sein d’une thématique: celle du mouvement bouleversant ainsi notre perception.

Mohamed Lekleti
Anagrammes plastiques

A y regarder de plus près cependant, les sujets représentés: corps violemment enroulés, femmes chahutées, formes monumentales en déséquilibre, cycle lancés dans d’infernales courses, tous n’ont de réel que l’apparence, et semblent participer plutôt à un gigantesque chaos. Ceci n’est pas anodin. Mohamed Lekleti nous force ainsi à aller au delà du visible et à pénétrer dans un univers de non-sens, en lutte et en déséquilibre permanents, véritable cauchemar, à l’image même du monde auquel nous participons. Par sa virtuosité l’artiste raconte à la fois la puissance et la fragilité de la vie.

Les travaux récents de Mohamed Lekleti interrogent le corps entravé dans sa diversité parcellaire: fusion improbable du masculin et du féminin, association de chevaux cabrés et d’anges déchus, tensions et distorsions de la partie au détriment du tout, rythmique imprévue des points de vue, des raccourcis, des repentirs et du sens enfoui.

De la fluidité ponctuelle, rose et bleue du subjectile, émergent la rigueur acérée du trait, la rigidité de structures austères, l’automatisme d’une graphie sensible affirmant clairement la suprématie de la ligne, du dessin sur le pictural, la prédominance du non fini sur l’achevé, de l’instable sur le définitivement clos.

L’espace ramassé de l’œuvre, collage dessiné d’un réel imaginaire, perturbe l’acquis de nos certitudes, l’ancrage ordinaire de nos repères spatio-temporels. La construction du tableau -montage insolite de fragments de corps déstabilisés, de femmes culbutées, d’anges sur roulettes, de chaises électriques débranchées, d’anatomies incertaines, d’extase et de violence, de chaos et de rigueur, de mouvement et de dédoublement– accentue la fragilité d’espaces ambigus et révèle les anagrammes plastiques univers onirique décomposé/ recomposé.

Lekleti désarticule le monde et le reconstitue en associations nouvelles qui modifient notre perception. Par la succession d’images dessinées et la multiplication des parties d’un réel reconstructible, il instaure quelque chose d’indéterminé qui génère une sorte de malaise diffus.

Ainsi s’invite un monde imperceptible, inventé, rêvé, qui distille une « inquiétante étrangeté ».

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