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Alberi

29 Sep - 11 Nov 2007

La série photographique Alberi d’Antoine Petitprez représentant des troncs de palmiers trouve son origine dans le domaine de Chaumont et dans le Sud de l’Italie.

Communiqué de presse
Antoine Petitprez
Alberi

C’est au Domaine de Chaumont et au sud de l’Italie qu’Antoine Petitprez a trouvé les sujets pour cette série intitulée Alberi, réalisée grâce à la commande qui lui a été passée par la Délégation aux arts plastiques.

Les troncs des palmiers photographiés par Petitprez sont sans paysage. Ils ne sont pas pour autant dans un lieu artificiel. La terre qui les entoure, dans laquelle ils sont enracinés, est bien réelle. L’absence d’un paysage, au sein duquel viendraient prendre place les palmiers, interdit toute fuite du regard. Les palmiers sont là, au premier plan, ils occupent l’espace de l’image dans toute sa hauteur, derrière eux un fond noir. Celui-ci ne vient pas dérober l’horizon. Nul envie ne vient au spectateur de voir ce qui se cacherait derrière ce fond noir. Non, le noir, le palmier, la poussière du sol sont là avec évidence. Le dispositif des photographies de Petitprez ne se donne pas ainsi à voir comme installation. Ce qui se donne à voir c’est une nature physique libérée des imageries : une nature sans paysage. En cela les photographies de Petitprez mettent en place, ce qu’on pourrait appeler, un désert, un désert de la vision, un désert comme condition de surgissement du visible.

Les troncs des palmiers de Petitprez sont coupés. Pourtant ils font corps. Là encore, il n’y a rien d’autre à désirer. Comme il n’y avait pas d‘envie de voir derrière le fond, il n’y a pas d’envie de voir « l’autre moitié » de l’arbre. Ainsi les photographies de Petitprez ne sont pas vraiment des fragments.

Ce bout de nature concrète, libéré des images toutes faites se met alors à parcourir sous le regard du spectateur, une série de métamorphoses. Tout à tour fossile, animal carapacé, pierre érodée par l’eau. La chose semble hésiter aux frontières des règnes minéral, animal et végétal. Elle appartient à cette catégorie ambiguë d’êtres qui trouvent difficilement leur place dans les classifications des naturalistes. Métamorphoses érotiques aussi puisque la ligne des troncs, le jeu des courbes, peut rappeler la silhouette d’une femme vue de dos, la chute des reins, qui, de Ingres à Man Ray, s’est imposée comme une image récurrente de la peinture et de la photographie. Mais le jeu des associations et des métamorphoses n‘épuise pas le regard qui est régulièrement reconduit à cette évidence première et indépassable du concret du visible.

Ce qui donne aux images de Petitprez leur force et leur présence particulières est la relation qui s’y joue entre le temps et le visible. La matière y apparaît ainsi comme quelque chose du temps, ce qui, en lui, se développe, pousse, durcit. Chacune des strates, des marques sur le tronc, des cicatrices laissées par l’arrachage des palmes, dit le passage du temps. Le temps n’est pas ici mouvement, circulation insaisissable des choses dans l’espace, mais chose devenue solide, sorte de concrétion. Le micro-désert que Petitprez installe autour de ces palmiers met ainsi à nu, comme dans les anciennes natures mortes, les vanités en peinture, sans volonté moralisatrice pourtant, simple phénomène naturel, le temps.

Antoine Petitprez est né en 1961 à Loos-lès-Lille. Il vit et travaille à Hellemmes-Lille. Après des études à l’école d’art de Cambrai, Antoine Petitprez réalise des séries photographiques sur les paysages désertiques, les mannequins, les conifères, les poules, etc.
Il s’agit d’une commande de la Délégation aux arts plastiques du ministère de la Culture passée à Antoine Petitprez pour Images au Centre 2007.
Le studio national des arts contemporains Fresnoy a contribué à la réalisation de ce travail photographique.

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