ÉCHOS
09 Sep 2011

Aillagon: le ministère de la Culture devient une «agence nécrologique»

PCommuniqué de presse
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Dans une interview accordée aux Inrocks (8 sept. 2011), Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture et président du Château de Versailles, revient sur le rôle déficient du ministère. Il suggère d’élargir son périmètre d’action, pour éviter qu’il ne se transforme à terme en un «ministère du faire-semblant». Extraits.

Les Inrocks. Vous avez souligné le manque d’efficience du ministère de la Culture. Comment peut-il répondre à la situation?   
Jean-Jacques Aillagon. Je crois que le ministère doit apprendre à mieux recentrer son action. Il est partagé entre un discours qui voudrait accréditer l’idée qu’il sait tout, qu’il est partout et qu’aucune action ne pourrait avoir lieu sans ses interventions et, d’autre part, la marginalisation effective de son rôle et de sa capacité d’intervention face à l’émergence d’autres opérateurs. Je suis frappé par le nombre de communiqués de presse qu’il diffuse pourtant. Il est devenu une véritable agence nécrologique. Cette hyper communication n’est-elle pas le moyen d’exorciser le sentiment d’une certaine impuissance. Frédéric Mitterrand ne compte ni son temps, ni son ardeur. Son hyperactivité sur le terrain, dans la ligne de celle de ses prédécesseurs — et je m’y inclus — n’est-elle pas le symptôme d’une réalité qui rend de plus en plus difficile une prise sur la réalité des choses.  

Les Inrocks. A-t-on besoin, oui ou non, d’un ministère de la Culture? Quelle est, au final, sur ce sujet votre position?
Jean-Jacques Aillagon. Je crois à la nécessité de l’action culturelle de l’Etat et d’une action forte de sa part. (…) A mon avis, le périmètre actuel n’est pas suffisant. Il éloigne le ministère de la Culture de celui de l’Education nationale alors que l’école est le principal espace d’acculturation de tous les jeunes qui vivent en France. (…). Leur réunion au sein d’une entité unique me paraît cependant peu probable et même peu souhaitable car elle associerait une énorme mécanique, celle de l’Education nationale, à un outil léger qui, pour être efficace, doit rester mobile et nerveux, la rue de Valois. Une intense coopération entre les deux est cependant nécessaire.
Dans un contexte de construction européenne et de mondialisation de la scène culturelle, on ne peut plus tenir pour légitime la distinction entre l’action culturelle nationale et l’internationale. Les établissements publics ont déjà largement dépassé cette question. Leur action concerne autant le territoire de notre pays que les territoires étrangers avec lesquels ils ont vocation à développer des partenariats. Le ministère de la Culture doit conquérir sa pleine responsabilité à cet égard. La pire des choses serait que ce ministère se recroqueville, se réduise à n’être qu’un ministère des Beaux Arts et des Belles Lettres et que la progressive dépossession de sa responsabilité le condamne à devenir un ministère du faire-semblant plutôt que du faire.

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