DESIGN | EXPO

Adrien De Melo

09 Sep - 12 Nov 2011
Vernissage le 08 Nov 2011

Adrien De Melo présente une vision structurelle de l'objet, squelette premier qu'il habille de peaux minérales ou végétales. Ce jeune designer y explore un point de tension intime entre le vrai et le faux, entre la nature vraie et la nature reconstituée, ici évocation d’un paysage forestier, là métaphore d’une surface rocheuse.

Adrien De Melo
Adrien De Melo

Pour cette première exposition personnelle, le jeune designer issu du domaine de l’art explore la question de la structure, qu’il rend visible de façon à mettre en valeur le jeu des matières. Au fil de sept objets, il dévoile la carte d’un territoire imaginaire où l’onyx, la céramique et le bois déploient un jeu élégant fait de recompositions techniques irrévérencieuses.

Recherche formelle et fictionnelle dédiée à la reconstitution de la coupe verticale d’un tronc d’arbre à partir de neuf essences de bois, la table Sliced forme un patchwork nervuré, dynamique et contrasté. Représentation décalée d’un paysage forestier, Sliced vient signifier et valoriser ce qui finalement disparaît aujourd’hui dans le processus d’industrialisation du bois: la forme, la texture et le caractère même des essences.
Le plateau est réalisé en composite nid d’abeille et neuf essences de bois enveloppant toutes les faces: wengé, chêne, acajou d’Afrique, noyer d’Amérique, frêne foncé, frêne clair, hêtre étuvé, merisier d’Amérique, érable canadien. Chacun des quatre piétements est tourné manuellement à partir d’un seul bloc d’aluminium brossé pour atteindre la forme conique la plus épurée possible, à l’image d’un piédestal abstrait destiné à valoriser le travail d’ébénisterie exécuté sur l’ensemble du plateau.

My mountain est la montagne que nous aurons tous un jour à gravir. Géométriquement, la forme est basée sur un relevé topographique du Mont-Blanc, quatre de ses crêtes formant ainsi le piètement. En plan, elle donne à lire la coupe longitudinale d’un relief ou d’une surface rocheuse, dans laquelle l’usager est invité, par métaphore, à profiter du paysage. L’assise explore le registre des fauteuils princiers en évoquant des classiques tel le Little Albert de Ron Arad.

Entre la table Sliced dont elle reprend l’approche formelle d’une pièce de bois construite à partir de plusieurs essences, et le fauteuil géologique My mountain dont elle explore l’idée de sédimentation et de stratification historique, la collection Stripes (tabouret, banc et table basse) est la synthèse formelle de cette exposition.
Stripes a pour unité de base un «objet-arbre(s)» dense et visuellement dissymétrique, présentant trente strates de bois massif issus de trois essences qui sont autant d’anneaux évoquant des cycles de vie, sa généalogie, ou les épreuves qu’il aurait traversées. Son allure ascendante et fuselée évoque le savoir-faire du potier, comme si l’objet avait été tourné d’un seul tenant, l’ensemble fusionnant pour s’ériger dans un geste de verticalité.

Lili est une lampe de sol qui joue de la légèreté apparente d’une pierre onyx de couleur blanche, soulevée, enlevée par un piètement unissant huit trombones en inox brossé. Sa silhouette élancée, chapeautée par un quadrilatère en lévitation, n’est pas sans évoquer le graphisme en suspension des Water Towers new-yorkaises. Nervures, veines et fluides fossilisés apparaissent et s’éclairent dans ce luminaire d’intérieur où la roche quasi-translucide devient lumière.

Vase en faïence émaillée décliné en trois coloris — blanc optique, bleu orage, noir d’encre — Point break figure un moment de tension, de fusion et de fission. Jouant des équilibres et des déséquilibres, il suggère la rencontre à la fois implosive et explosive de deux forces, phénomènes ou personnalités contraires. Deux natures en un seul objet qui vient peut-être incarner, dans sa tension minérale, le combat intérieur aussi paradoxal que permanent entre nos docteur Jekyll et mister Hyde…

critique

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